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7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 09:14

800px-LocationAfrica.pngMercredi 6 juillet, les rebelles libyens ont lancé une offensive vers Tripoli depuis les montagnes du Djebel Nafoussa après avoir reçu de la France un parachutage de fusils-mitrailleurs et de lance-roquettes - une nouvelle violation de la résolution 1973 de l'ONU, et un mauvais exemple que même la Grande-Bretagne a décidé de ne pas suivre, alors que l'opération militaire en Libye est depuis le début conçue par M. Sarkozy comme la première application de l'accord franco-britannique de novembre 2010.

 

Quelques jours auparavant, en marge du sommet de l’Union africaine en Guinée Equatoriale les 1er et 2 juillet 2011, le nouveau président de la Côte d'Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, installé au pouvoir au terme de la liquidation du parti de Laurent Gbagbo par l'armée française, avait rencontré deux délégations libyennes (la délégation des fidèles du colonel Kadhafi avec à sa tête le nouveau chef de la diplomatie du guide libyenne et une délégation de trois membres du CNT conduite par l'ancien ministre des Affaires étrangères, Abdel Rahman Shalgam). Selon le site CameroonVoice, Ouattara aurait promis l'aide de la Côte d'Ivoire aux insurgés libyens, ce qui pourrait contribuer à insérer la Libye post-Kadhafi dans le maillage de la Françafrique rénovée.

 

En Côte d'Ivoire, Paris a nommé en mai dernier comme nouveau tuteur ("conseiller spécial") d'Alassane Ouattara,  le colonel Marc Paitier ex-assistant du commandant de la force Licorne en 2004 et 2005. Le ministre de la défense de M. Sarkozy Gérard Longuet était à Abidjan le 27 juin pour préparer un accord militaire qui ne devrait laisser dans le pays que 250 soldats français (pour la protection des ressortissants français) conter 900 aujourd'hui, un objectif qui ne pourra être atteint toutefois que si Alassane Ouattara parvient à surmonter l'anarchie qui s'est instaurée après la disparition des forces de polices au cours de  la guerre civile du premier semestre. Pour l'heure celui-ci s'emploie surtout à renverser les derniers vestiges du pouvoir de Laurent Gbagbo et notamment d'obtenir l'arrestation de l’ex-chef des "Jeunes Patriotes" gbagbistes, Charles Blé Goudé, actuellement en fuite, lequel devient aujourd'hui pour beaucoup un symbole de la résistance à l'ingérence française en Côte d'Ivoire.

 

Il est probable que la France en Côte d'Ivoire se déchargera d'une partie du fardeau sur l'ONU. Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Côte d’Ivoire, Young Jin Choi, a annoncé le 30 juin à Abidjan la création de huit nouveaux camps militaires dans l’ouest du pays, la région la plus ravagée par les violences post-électorales et où persiste un déficit de sécurité. L'ONU devrait investir 2 milliards de F CFA dans la construction de ces camps et la reconstitution de la police et de la gendarmerie, un choix qui indigne ceux qui estiment que la Côte d'Ivoire a d'abord besoin d'aide humanitaire.

 

Alléger les effectifs militaires à Abidjan permettrait à la France de se reposer davantage sur le nouveau pilier de sa stratégie en Afrique,entre la Côte d'Ivoire et la Libye : le Niger, riche en uranium. Paris s'efforce d'imposer à ce pays un projet d’accord l’autorisant à installer une base militaire permanente notamment pour protégers a mine d'uranium d'Amouraren. Depuis l’enlèvement de sept employés du groupe nucléaire français Areva en septembre 2010, la France dispose au Niger d’un corps expéditionnaire de près de 80 soldats d’élite appuyés par des moyens aériens dont des avions de surveillance et de reconnaissance. Le président nigérien Mahamadou Issoufou du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (proche du parti socialiste français) ne cesse de répéter qu'il n'y aura pas de base permanente sur son territoire.

 

Elu avec une large majorité président de la République en mars 2011, cet ancien opposant à la dictature présente un profil atypique dans l'Ouest africain. A peine élu, il a précisé à propos de la guerre en Libye que son pays respecterait le principe de non ingérence dans les affaires des pays voisins. Puis au dernier sommet des chefs d'Etat africains il a souligné qu'en ce moment, son pays pâtit surtout du conflit entretenu par les Occidentaux qui coûte à l'économie nigérienne des milliards de francs CFA entre les revenus perdus sur les transactions commerciales et les mandats envoyés jadis par les plus de 200.000 Nigériens travaillant en Libye qui ont du retourner dans leur pays. Sa capacité à résister aux pressions françaises sera un test pour le nouveau dispositif françafricain fondé sur la militarisation du continent noir en vue du contrôle de ses ressources.

 

 

 

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4 juillet 2011 1 04 /07 /juillet /2011 13:35

nepalflag.jpgRam Baran Yadav, premier président du Népal depuis l'abolition de la monarchie en 2008, a présenté dimanche 3 juillet au Parlement un programme centré sur le processus de paix et l'adoption d'une nouvelle constitution. Le gouvernement dirigé par le secrétaire général du Parti communiste Jhala Nath Khanal a annoncé qu'il adoptera le socialisme comme politique économique pour garantir le développement équitable du pays, une nouvelle reprise au Venezuela via l'agence Prensa Latina.

 

Le président Yadav a souligné dans des déclarations transmises par l'agence de presse PTI que les programmes du Gouvernement accorderont une attention spéciale aux femmes et aux dalits (intouchables), marginalisés par le système traditionnel féodal de castes. Sur le front de la condition féminine par exemple, le ministre de l'éducation déclarait le 4 juillet que le taux d'échec scolaire des jeunes filles restait très élevé et entretenait le système du mariage forcé (50 % des Népalaises sont mariées entre 15 et 19 ans, dans toutes les religions et dans tous les milieux sociaux), ce qui nécessite un programme d'éducation ambitieux, les fonctionnaires et militants associatifs qui essaient de s'opposer aux mariages forcés faisant encore fréquemment l'objet d'attaques physiques.

 

Le gouvernement - qui doit faire face à une affaiblissement croissant des structures étatiques dans la phase de transition actuelle - a aussi insisté sur la nécessité de renforcer l'armée y compris dans sa participation aux missions de l'ONU (l'armée napalaise est présente sous le drapeau des Nations unies au Soudan, à Haïti, au Timor .

 

Ce programme  "socialiste" a été critiqué par le parti du Congrès (opposition) et par les milieux d'affaire qui lui reprochent de menacer l'entreprise privée.

 

Par delà les déclarations ambitieuses, le Népal tarde toujours à se doter d'une nouvelle constitution et le mandat de l'assemblée constituante a été prolongé de 3 mois le 29 mai dernier au terme d'un accord entre le parti communiste, le parti communiste maoïste et le parti du Congrès. Les maoïstes défendent un système présidentiel, le Congrès un système parlementaire. Les rivalités entre les grands partis, après la légalisation de la guérilla maoïste (devenue le premier parti au parlement) se poursuivent, notamment sur les questions touchant au contrôle de la force armée : qui doit contrôler le ministère de la défense ? l'armée maoïste (20 000 hommes) doit-elle intégrer l'armée régulière avant la promulgation de la constitution ? La difficulté des négociations sur ces points contribue à entretenir le pouvoir des trois partis qui contrôlent le processus de transition mais empêche le lancement de politiques de long terme sur des bases solides.

 

FD

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1 juillet 2011 5 01 /07 /juillet /2011 11:26

b52.jpgLa décision de la France révélée par le Figaro mercredi dernier de livrer des armes aux insurgés libyens de Benghazi suscite l'indignation dans le monde. Le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, a  déclaré à la BBC le jeudi 30 juin que ces livraisons d'armes favorisaient "le risque d'une guerre civile, le risque d'une partition de l'Etat, le risque d'une "somalisation" du pays, le risque de prolifération des armes en lien avec le terrorisme". Le ministre russe des affaires étrangères Sergueï  Lavrov a qualifié cette livraison d'armes de "violation grossière de la résolution 1970 du Conseil de sécurité de l'Onu". Paris a tenté de se défendre en déclarant qu'il ne s'agit que d'armes légères, larguées à l'occasion d'opérations d'aide humanitaire en faveur de populations sous la menace des troupes de Mouammar Kadhafi dans une région située à quelques dizaines de kilomètres de Tripoli, mais ces assertions sont invérifiables pour le moment.

 

Par ailleurs, le nombre de morts civils depuis le 19 mars dû aux frappes aériennes de l'OTAN selon les sources gouvernementales de Tripoli approcherait le millier de morts, dont beaucoup d'enfants, un paradoxe pour une mission militaire qui se réclamait d'une résolution de l'ONU visant à "protéger les civils".  Ce chiffre n"inclut pas les effets indirects désastreux de la guerre sur les infrastructures de santé (autrefois exemplaires) et les services sociaux libyens (alors qu'un soutient moins radical des Occidentaux aux insurgés aurait déjà permis le mise en oeuvre de négociations).

 

Le bilan humain ne prend pas en compte non plus les effets de l'utilisation possible par l'OTAN d'armes à uranium appauvri - dénoncée par des organismes britanniques comme Uranium Weapons Network et la Campagne pour le Désarmement nucléaire (on attend toujours que les députés au parlement européen, notamment écologistes, lancent une commission d'enquête sur le sujet). Un gâchis d'autant plus préoccupant qu'il n'a débouché sur aucune avancée politique concrète, le gouvernement de Muammar Kadhafi s'étant considérablement renforcé en Tripolitaine, tirant profit du réflexe patriotique provoqué par l'agression de l'OTAN.

  

Le 30 mai dernier, le rapport du Centre international de recherche et d’études sur le terrorisme et d’aide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT1) dressait déjà le bilan suivant de la décision française d'intervenir en Libye (après l'envoi d'une mission à Belghazi et Tripoli) :

 

 "La décision unilatérale de Nicolas Sarkozy a stupéfié ses alliés allemands et italiens - c’est l’une des raisons de l’abstention de Berlin sur ce dossierà l’ONU – alors que son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé semble avoir été placé dans une situation comparable à celle de Colin Powell en 2003, lors du déclenchement de l’invasion de l’Irak. Il a dû en effet défendre une position qu’il n’avait pas choisie età laquelle il ne semble pas avoir été associé.

 

(...)Les illusions du président Sarkozy ont été renforcées par les déclarations outrancières des représentants de la toute jeune révolution libyenne et l’enthousiasme – légitime – de la population de Benghazi. Les dirigeants du CNT clament que « la décision du président français a sauvé plus d’un million de vie humaines » et que c’est l’amitié entre la France et le CNT qui a permis l’évolution actuelle la survie de la rébellion.


Indéniablement, la France et son président bénéficient d’une cote d’amour inégalée sinon inégalable dans toute la Cyrénaïque. La délégation, composée en majorité de Français, a reçu en tous lieux un accueil très favorable. Les drapeaux français sont arborés partout et sont même vendus dans les kiosques. A Derna, nos interlocuteurs nous ont déclaré avoir déjà noté une nette augmentation des demandes d’inscriptio nà l’université en faculté de français, surtout de la part des femmes.


Il convient de reconnaître que le nom du président français n’aura sans doute jamais été aussi prononcé dans un pays étranger. S’il est encensé à l’Est, il est honn ià l’Ouest, mais tout aussi présent dans les attroupements populaires et les médias, comme si la France seule était responsable de la situation aux yeux des deux parties. Les Libyens fidèles au régime font toutefois une nette différence entre le peuple français et son président.


Cette hypermédiatisation de la participation française est particulièrement trompeuse et dangereuse. Certes, certains contrats secrets ont déjà été conclus avec les insurgés, mais rien n’assure aujourd’hui que le pari du président Sarkozy de renverser le régime sera tenu. En cas de maintien au pouvoir de Kadhafi, les entreprises françaises se retrouveront dans une position extrêmement défavorable. En cas de partition du pays ou de négociation entre les parties, la France ne pourra jouer aucun rôle d’arbitre tant le ressentiment à l’égard de son président est fort à Tripoli.


Nous sommes convaincus que cet engagement irréfléchi de Paris dans le conflit libyen fait le jeu de Washington, qui laisse Nicolas Sarkozy s’afficher en moteur de la coalition, au risque, en cas d’échec, d’endosser toute la responsabilité de cette affaire. L’attitude plus discrète du président Obama permettra alors aux Etats-Unis de tirer les marrons du feu."

 

Le rapport évoquait aussi le coût financier élevé de cette guerre et les bénéfices que les organisations terroristes comme Al Qaïda étaient susceptibles d'en retirer.

 

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Ci dessous interview par Russia Today de Vijay Prashad, contributeur du livre "Atlas alternatif", sur la Libye (il évoque notamment la propagande de guerre autour des soi-disants viols collectifs et de la distribution de viagra dans l'armée gouvernementale libyenne)

 

 

 

 

 

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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 15:33

great_seal_of_the_us.pngLe général Carter F. Ham, chef du Commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom, basé à Stuttgart - Allemagne) a effectué une visite de deux jours du 31 mai au 2 juin.


Selon Brahim Takheroubt de L'Expression, deux hypothèses se dégagent de cette visite :

 

«La première est que le général américain est venu solliciter l’approbation de l’Algérie pour le transfert du siège de l’Africom en Afrique, plus précisément au Burkina Faso ou alors carrément au sud de la Libye, "ce que l’Algérie n’acceptera jamais" (...) La deuxième lecture faite à cette visite du général consiste à dire qu’il y a une véritable pression sur l’Algérie pour la convaincre d’accepter une action militaire sur la Libye à partir du territoire algérien. »

 

Selon le quotidien arabophone Al Khabar «l’Algérie a refusé de permettre à des appareils de la coalition ayant décollé des bases aériennes américaines en Espagne et en Angleterre, d’utiliser son espace aérien, pour bombarder les forces pro-Kadhafi».  

 

Le même journal révèle également que «des pays qui conduisent les frappes militaires contre la Libye ont demandé ces derniers jours à l’Algérie, à travers des voies diplomatiques et militaires officielles, d’autoriser l’utilisation de l’espace aérien algérien, pour parvenir à la région des opérations militaires en Libye». Jusque-là, les appareils de la coalition n’arrivent pas à atteindre la profondeur du Sahara libyen où Kadhafi se réfugierait.

 

L'Algérie est souvent accusée par les Occidentaux de faire obstacle au renversement du régime libyen. Comme la Syrie, l'Algérie au mois de mars s'était opposée à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne en Libye. En avril la ligue des droits de l’Homme libyenne a affirmé que des mercenaires arrêtés par les rebelles avaient été recrutés par les services de sécurité algériens (DRS), mais le commandant de l'Africom lui-même l'a démenti lors de son passage à Alger (pour des raisons diplomatiques ?). Selon Jeune Afrique, Aïcha, la fille unique de Kaddafi, "serait réfugiée dans le plus grand secret en Algérie depuis le 16 mai sous la protection personnelle du président Bouteflika à la suite de l'assassinat de son frère cadet par l'OTAN.

 

Il est vrai que les services de sécurité algériens redoutent que les éléments islamistes proches d'Al Qaida qui ont massivement intégré l'armée rebelle de Benghazi ne relancent le terrorisme et la guerre civile sur le territoire algérien.L'Expression le 19 avril parlait de "complot de déstabilisation" de l'Algérie.

 

Le Quotidien d'Oran, pour sa part, estime que la visite de l'officier étatsunien est surtout liée à la coordination de la lutte anti-terroriste dans le Sahel : il note qu'elle "intervient une semaine après la fin de la réunion des chefs d'état-major des pays du Sahel à Bamako (Mali), où l'accent a été mis sur l'urgence d'une généralisation de la lutte contre les groupes d'Al Qaida Maghreb (AQMI). L'appel à une union des forces et des moyens militaires des pays concernés est d'autant nécessaire que le danger terroriste, avec les dommages provoqués par la guerre civile en Libye, risque de se propager rapidement dans plusieurs pays, et particulièrement en Tunisie. C'est dans cette perspective que les quatre pays du Sahel, à travers leur état-major conjoint (Cemoc) ont pris la décision de confier à l'Algérie la préparation d'une rencontre à Alger vers le 3ème trimestre 2011 sur la lutte contre le terrorisme dans la région. Une réunion à laquelle seront conviés les experts des pays de l'Union européenne et des Etats-Unis."

 

Mais cette lutte anti-terroriste dans toute l'Afrique du Nord-Ouest est elle-même liée à la guerre de Libye. Selon les services de sécurité algériens, début avril un convoi composé de 8 véhicules tout-terrain, chargé de missiles russes terre-air de type SA-7, l´équivalent du Stinger occidental et de matériels de guerre divers puisés par les rebelles de Banghazi dans les stocks de l´armée libyenne a déjà été acheminé au Mali, via le Tchad puis le Niger pour se retrouver entre les mains de l'AQMI. D'autres on peut-être circulé. L'Algérie a dû affecter plus de 7 000 hommes à la protection de ses frontières dans le désert pour limiter ces trafics.

 

Ainsi pendant que les Etats-Unis jouent les pompiers pyromanes de l'Afrique du Nord en poursuivant la guerre en Libye, ils se "coordonnent" avec l'Algérie pour gérer la répression de groupes terroristes dont ils facilitent par ailleurs l'approvisionnement en armes. Une contradiction qui n'augure rien de bon pour la stabilité de l'Algérie.

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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 14:57

Les États-Unis augmenteront leur participation militaire et leur engagement en Asie, particulièrement en Asie du Sud-Est, malgré les restrictions budgétaires, a annoncé le secrétaire à la défense Robert Gates le vendredi 28 mai, lors d'une conférence annuelle (II SS Shangri-La Security Dialogue) devant les hauts responsables militaires du Pentagone.

 

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Il a évoqué parmi les mesures prioritaires des mois à venir l'augmentation de la présence navale des États-Unis en Australie, le déploiement de navires de guerre à Singapour, y compris le nouveau bateau de combat littoral, et l'accélération du concept d'Air-Sea battle (une meilleure intégration de la Marine et de l'armée de l'air afin notamment de répliquer aux efforts de la Chine pour se donner les moyens de détruire les porte-avions étatsuniens qui patrouillent au large de ses côtes).

 

« Pris ensemble, tous ces développements démontrent l'engagement des Etats-Unis à soutenir une présence militaire robuste en Asie - une présence qui garantit la stabilité en soutenant et en rassurant des alliés tout en décourageant, et au besoin en mettant en déroute, les adversaires potentiels, » a déclaré Robert Gates. Son discours officiel toutefois s'abstient d'inclure explicitement la Chine parmi ces "adversaires potentiels", contrairement à ce qu'il avait fait lors de la précédente conférence en 2010.

 

Gates a cependant reconnu que la guerre en Irak et en Afghanistan avait affaibli l'appareil de guerre étatsunien et que la demande de Barack Obama de réduire de 400 milliards de dollars les dépenses militaires étatsuniennes dans les douze ans qui viennent compliquent les objectifs de renforcement des moyens offensifs des Etats-Unis en Asie.

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 22:02

A la tête d'une coalition électorale Gana Perú (le Pérou gagne) regroupant le  Parti nationaliste péruvien (PNP) qu'il a fondé, le Parti communiste du Pérou, le Parti socialiste et le Parti socialiste révolutionnaire, l'ancien officier Ollanta Humala vient de remporter avec environ 51 % les élections présidentielles face à Keiko Fujimori.

 Jeu_dames.jpg

Il succède ainsi au social démocrate rallié au néo-libéralisme Alan Garcia. La presse conservatrice estime que Humala doit son succès au fait qu'il a pris ses distances avec Hugo Chavez, qu'il s'est engagé à ne pas faire entrer son pays dans l'Alliance bolivarienne pour les Amériques et qu'il souhaite plutôt s'inspirer du modèle brésilien, alors que sa proximité avec Chavez lui aurait fait perdre les élections de 2006.

 

Il n'en demeure pas moins que Humala, d’origine indienne (quechua), veut une redistribution des richesses au profit des régions andines, son programme prévoit également la nationalisation de secteurs stratégiques, et l'adoption d'une nouvelle constitution.

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 20:52

Le chapitre dédié à l'Océanie dans l'Atlas alternatif  décrivait déjà en 2006 l'hégémonisme australien dans la zone. Il semble que cet hégémonisme s'inquiète de la montée en puissance de la Chine dans le Pacifique et que certains courants dans la classe politique australienne soient dans une logique de confrontation avec Pékin.

 

flag-australia.png

En décembre dernier, Wikileaks révélait (avec le concours du Guardian) qu'en mars 2009 dans le cadre d'un entretien avec Hilary Clinton, l'ancien premier ministre australien Kevin Rudd (devenu en septembre dernier ministre des affaires étrangères) avait ni plus ni moins suggéré à l'actuelle Secrétaire d'Etat étatsunienne d' "utiliser la force" contre Pékin (au risque d'une confrontation nucléaire...) si la situation dégénérait et incité celle-ci à demander l'autonomie du Tibet. Le câble qui rend compte de cette  rencontre précise aussi que le programme d'acquisition de nouveau sous-marins d'attaque présenté par le gouvernement travailliste en 2008 visait directement à contrer la capacité de projection chinoise.

 

En septembre dernier la presse chinoise présentait des avis d'experts selon lesquels le nouveau premier ministre travailliste Julia Gillard pourrait être moins anti-chinoise que son prédécesseur Kevin Rudd. Mais en mars 2011 à Washington celle-ci a insisté sur l'importance de l'alliance stratégique avec les Etats-Unis, et le gouvernement de Camberra se montre plus interventionniste encore que Washington sur des dossiers comme la Libye ou la Syrie (l'Australie demande l'inculpation de Bachar el Assad devant la justice internationale), ce qui n'est pas précisément le signe d'une aptitude de ce pays à oeuvrer à la bonne entente entre les nations.

 

Néanmoins le Conseil d'affaires australien (Business council of Australia), qui regroupe les cent plus grandes entreprises australiennes, a rappelé contre les velléités protectionnistes du sénateur de droite Barnaby Joyce, que l'Australie aurait besoin des investissements chinois dans les années à venir et que les capitaux proviendraient dorénavant davantage d'Asie que des pays occidentaux. Cette interdépendance croissante sur le plan économique entre Pékin et Camberra pourrait malgré tout atténuer les humeurs bellicistes des travaillistes australiens.

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 16:23

Le 6 juin la chaîne de télévision France 5 programmait la dernière diffusion du documentaire dérangeant "Zambie : à qui profite le cuivre ?" d'Audrey Gallet et Alice Odiot qui dévoile le système d'exploitation de la société de négoce Glencore (longtemps non cotée en bourse bourse pour échapper aux contrôles et basée dans le paradis fiscal du canton de Zoug en Suisse)  et les méfaits écologiques et humains qu'elle a provoqué en Zambie avec sa mine de cuivre Mopani  qui fonctionne au mépris des normes envrionnementales (pollution au dioxyde de soufre) et alors que la multinationale paie très peu d'impôts à la Zambie (voir le résumé dans la vidéo ci-dessous).

 

En avril 2011, cinq ONG (Sherpa, Déclaration de Berne, CTPD, Mining watch et l’Entraide missionnaire) ouvraient un procès à l'encontre de Glencore pour violation des principes de l'OCDE.

 

Le scandale fiscal est aujourd'hui le mieux connu. La société Mopani qui exploite le complexe minier du même nom (le second du pays) facturait son cuivre à 25 % seulement des tarifs du marché à la maison mère Glencore, privant ainsi l'Etat zambien d'une masse fiscale énorme. Dans un pays où les exportations de cuivre représentent 70 % des devises, on comprend ce que ce pillage pur et simple de matières premières a pu représenter comme manque à gagner pour le gouvernement zambien - le chiffre d'un manque à gagner de 700 millions de dollars de 2003 à 2008 pour le seul cuivre, sans compter le cobalt a été avancé.

 

Ce pillage a été encouragé par la banque européenne d'investissement (BEI), une institution liée à l'Union européenne et dont les gouvernements européens sont actionnaires, qui a joué aussi un rôle controversé au Congo, et qui a prêté 48 millions d'euros pour le développement de Mopani en 2005.

 

"Aujourd'hui gênée par cette situation, la BEI répète que l'outil qu'elle a financé (un des fours de la mine) « fonctionne et qu'il est moins polluant ». Ce que la banque ne dit pas, ce sont les intentions cachées de ce type de prêts. Alice Odiot décrypte :

« L'UE a besoin d'investir dans les mines afin de devenir client privilégié face à la concurrence des agences chinoises. Le cuivre s'épuise, alors qu'on en commande 10 kg par an par Européen, notamment pour les ordinateurs, les voitures… »" note Rue89 à propos du documentaire d'Audrey Gallet et Alice Odiot.

Malgré la publication par les Amis de la terre d'un audit (commandité par le fisc zambien à des cabinets norvégiens, Grant Thornton et Econ Pöyry mais qui aurait dû rester secret) sur les fraudes fiscales de Mopani l'an dernier, le ministre des finances zambien est resté silencieux, ce qui entretient le soupçon d'une corruption généralisée du régime du président Rupiah Banda par les compagnies minières.

 

La question de la corruption des pouvoirs occidentaux est aussi posée par ce reportage : de 1983 à 2001, le fondateur de Glencore Marc Rich figure sur la liste des des Dix Fugitifs les plus recherchés du FBI pour fraude fiscale aux USA. Le 20 janvier 2001, quelques heures avant que Bill Clinton quitte la présidence, un de ses derniers actes officiels est de grâcier Marc Rich. Cette amnistie présidentielle déclenche un scandale, amplifié lorsque l'on apprend que Denise Rich, ex-épouse de l'homme d'affaires, avait fait des dons d'un million de dollars au parti démocrate et à la fondation des Clinton.

 

Glencore est également en cause pour l'exploitation dans des conditions scandaleuses de deux mines au Congo (Katanga).

 

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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 12:19

syrie.pngDans le prolongement du Printemps arabe de Tunisie, d'Egypte et du Yémen, la Syrie connaît depuis deux mois et demi une vague de contestation grandissante malgré la répression armée organisée par le régime de Bachar el-Assad.

 

Tout a commencé dans la ville de sunnite Deraa dans le sud du pays le 15 mars où quelques enfants d’une dizaine d’années qui avaient inscrit des slogans hostiles au gouvernement sur les murs de la ville ont été arrêtés. Des parents qui ont réclamé leur libération ont été arrêtés et humiliés. Le 18 mars une centaine de protestataires s'est assemblée et a incendié le palais de justice de la ville. La police a tiré sur la foule faisant un nombre indéterminé de  morts. Les manifestations et la répression se sont poursuivies, sans images fiables, la presse sur place étant interdite. Puis le mouvement s'est étendu.

 

Le 15 avril , jour de prière des militants des droits de l'homme ont signalé des manifestations à Damas, à Deir al-Zor (est), à Banias (ouest), à Lattaquié (nord-ouest), à Homs (ouest) et à Deraa.

 

Au lendemain de la promesse du président Bachar al Assad de lever l'état d'urgence, le 16 avril, des rassemblements appelant à la démocratisation du régime se sont poursuivis à Soueida. Le même jour à Alep, deuxième ville du pays située dans le nord-ouest, plusieurs centaines de personnes auraient scandé "Le peuple veut la liberté" sur la tombe du leader indépendantiste Ibrahim Hananou, selon un militant des droits de l'homme présent sur les lieux.

 

A Damas et dans d'autres villes des partisans du gouvernement eux manifestaient en soutien au régime le 17 avril en l'honneur de l'anniversaire de l'indépendance du pays.

 

Le 30 avril puis le 8 mai, l'armée syrienne entrait à Tafas dans le sud, la police étant apparemment débordée par l'insurrection. Elle menait aussi des opérations le 7 mai à Banias. L'agitation se poursuivait aussi à Homs, Hama et Qamishli.

 

A nouveau le vendredi 20 mai les forces de sécurité auraient tiré sur la foule à Homs (centre), à Maaret al-Naamane (nord-ouest), à Deraa, principal foyer de la contestation, à Daraya, et à Lattaquié. Dans la même semaine l'armée aurait bombardé Tall Kalakh à la frontière du Liban selon l'Agence Chine nouvelle.

 

Le 18 mai les Etats Unis et le lundi 23 mai les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé d'interdire de visa et de geler les avoirs du président syrien Bachar el-Assad, en raison de la répression du mouvement de contestation. Le 25 mai le Royaume Uni, la France, l'Allemagne et le Portugal  ont introduit un projet de résolution au conseil de sécurité de l'ONU pour condamner la violence, malgré le risque de véto de la Russie qui entretient une forte coopération militaire avec la Syrie.

 

Fin mars le président syrien a dénoncé l'existence d'un complot contre son régime.

 

La thèse d'une orchestration de la révolution syrienne par des puissances étrangères n'est pour l'instant pas vraiment étayée, mais les ingérences pour l'orienter et la récupérer ne sont pas absentes. Dès le jeudi 7 avril lors d'une soirée à l'United States Institute of Peace le président israélien Simon Péres avait appelé la "communauté internationale" à soutenir la "transition" politique en Syrie la décrivant comme la "meilleure chance" pour l'avenir de son pays.Deux semaines plus tôt Elliot Abrams, ancien conseiller de George W. Bush, dans le Washington Post appelait les Etats-Unis à faire de même.

 

Reste à faire la part de l'information et de la propagande dans ce domaine. 

 

Ainsi des rumeurs difficilement vérifiables existent sur la formation de bandes armées. Vers mi-avril, selon l'agence officielle Sana, les douanes syriennes auraient saisi des armes et des munitions cachées dans un camion en provenance d'Irak, au point de passage al-Tanaf, à la frontière syro-irakienne. Des armes qui devaient être introduites clandestinement en Syrie, auraient été également saisies aux frontières avec la Turquie et le Liban. Les médias syriens font état de snipers qui auraient dès le début entretenu le désordre à Déraa et à Banias malgré les efforts d'apaisement du gouvernement. Mais les informations sont difficiles à vérifier. Sur Internet circule le témoignage (diffusé dans certains milieux de gauche) d'une soi-disant religieuse "Mère Agnès-Mariam de la Croix" qui va dans ce sens, repris en boucle par divers sites anti-impérialistes. Elle fait notamment état du témoignage de personnes comme un certain "Alix Van Burren, reporter vétéran de la Repubblica" qui ne sont mentionnées nulle part ailleurs dans un autre contexte sur le Net, et déploie une argumentation politique si élaborée qu'il pourrait s'agir d'un faux - voir à ce sujet cet article. Le texte n'a d'ailleurs été repris sur aucun blog à l'étranger.

 

En revanche le rôle des Occidentaux dans la bataille de l'information est plus clair et mieux établi.

 

Le 20 mai un article de Vincent Jauvert dans le magazine français le « Nouvel Observateur » racontait comment l'animateur du principal site Internet d'opposition basé en Suède s'est rendu au Qatar à Doha pour discuter avec les patrons de la chaîne Al-Jazeera dans le cadre d'un voyage tenu secret.Selon cet article, ces dernières années, quelques dizaines de cybernautes ont suivi des stages de protection informatique à l’étranger pour déjouer les pièges des services de renseignements syriens. En Jordanie, par exemple, l’ONG irlandaise Frontline leur a expliqué comment effacer des données à distance, échanger secrètement des e-mails ou stocker des fichiers sensibles, notamment des vidéos.


Fin février, trois semaines avant la révolte de Déraa, le site Shaam News a ouvert aux Etats-Unis. Un certain nombre de ses membres auraient acheminé ces matériels clandestinement par les aéroports de province ou par les frontières de la Jordanie, du Liban et de la Turquie.

 

Selon le Washington Post ,qui se fonde sur des fuites de Wikileaks, la chaîne Barada TV, installée à Londres, qui a commencé à émettre en avril 2009 mais s’est étoffée pour couvrir la vague de protestations en Syrie est proche du Mouvement pour la justice et le développement, un réseau d’opposants syriens exilés. Le Département d’Etat américain a financé ce mouvement à hauteur de 6 millions de dollars depuis 2006.

 

L'historien italien Domenico Losurdo a récemment détaillé les techniques de manipulation des images qui auraient été déployées par ces agents occidentaux autour des manifestations.

 

En France, à l'initiative du publiciste idéologiquement proche des néo-conservateurs étatsuniens Bernard-Henri Lévy, un texte a été publié dans Le Monde du 25 mai 2011 sous le titre SOS Syrie, qui dénonce les crimes commis par le régime de Bachar al-Assad et appelle à la solidarité avec le peuple syrien dans sa lutte pour la liberté. Burhan Ghalioun, écrivain, professeur à la Sorbonne, Subhi Hadidi, écrivain et journaliste, et Farouk Mardam Bey, éditeur on dénoncé cette initiative comme "indécente" car provenante de personnes " comme Bernard-Henry Lévy, qui se sont toujours illustrées par leur hostilité aux revendications légitimes du peuple palestinien et par leur coupable complaisance pour la colonisation des territoires occupés, y compris le Golan syrien" et de gens "qui ont applaudi l'invasion américaine de l'Irak et qui ne se sont apparemment pas repentis en constatant ses tragiques conséquences". Ils reprochent à des élus socialistes comme MM. Rocard, Hollande et Delanoë d'avoir mêlé leur signature à ce lobby.

 

Ainsi, comme en Libye naguère, les tentatives d'instrumentalisation du mouvement populaire sont particulièrement actives autour de la Syrie en ce moment.

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 16:53

usmarine.jpgTous les prétextes sont bons pour semer la terreur auprès de la majorité chiite au Bahrein en ce moment. Alors que l'élite issue de la minorité sunnite gère le pays sous le tutorat des Etats-Unis et a réprimé violemment avec l'aide des Saoudiens l'insurrection populaire de février dernier en l'accusant d'être manipulée par l'Iran, les députés de la faction sunnite salafiste Al-Asalah demandent au gouvernement d'inculper leurs collègues chiites du parti al-Wefaq pour haute trahison... Mais la trahison qu'ils reprochent à al-Wefaq  n'est pas liée à l'Iran. Ils accusent les députés de ce parti d'avoir rencontré des diplomates étatsuniens pendant la révolution. Ceci leur permet ainsi de stigmatiser les élus chiites à la fois comme pro-iraniens et pro-américains et demander l'interdiction de leur parti...

 

Les témoignages sur la brutalité de la répression de révolution du Bahrein sont de plus en plus circonstanciés.

 

Les atrocités commises dans les hôpitaux où l'on soignait les blessés, et les tortures infligées au corps médical de l'hôpital Salmanyia sont notamment une particularité que les médias occidentaux ont passé sous silence. Dans une dépêche d'une agence française, une médecin chiite raconte qu'elle a été interrogée par le police puis torturée : "Les yeux bandés et menottée, ce médecin qui a prétendu avoir toujours été apolitique, a dit avoir a été stupéfiée de recevoir une décharge électrique à la tête. Elle a été ensuite jetée sur le plancher, jambes vers le haut, et sévèrement battue sur les pieds avec ce qu'elle a senti être un câble électrique ou un tuyau." Sous la menace de viol elle a finalement accepté de signer une confession reconnaissant qu'elle a voulu le renversement du régime et a dû endurer une incarcération de 20 jours. D'autres médecins femmes ont enduré les mêmes humiliations. Les hommes arrêtés, eux, sont encore en prison sans qu'on puisse savoir quel traitement leur est réservé.

 

De nombreux élus et avocats chiites, et des responsables d'ONG ont été eux-aussi arrêtés et incarcérés dans des conditions très brutales. Le député Jawad Fairooz a vu trente hommes masqués armés de fusils mitrailleurs faire irruption chez lui dans la soirée du 2 mai et  il a été incarcéré. Mattar Ebrahim Mattar, autre député démissionnaire, a été enlevé et torturé. Même le député sunnite modéré du parti Waad Ebrahim Sharif a été arrêté.par un commando de quarante hommes masqués et violemment battu en prison. Tous étaient pourtant partisans de la monarchie constitutionnelle, à la différence du républicain Hassan Mushaima du parti Haq, rentré de son exil à Londres malgré son traitement contre le cancer, et qui lui aussi a été arrêté et incarcéré dans des conditions inhumaines.

 

L'éditorialiste du grand quotiden indépendant Alwasat Mansoor Al-Jamri et deux de ses collègues qui avaient appelé à des négociations entre le monarque et les manifestants ont été arrêtés eux aussi. Au total des centaines de personnes sont désormais derrière les barreaux (pour une population de moins de 700 000 habitants). Les étudiants ont dû signer un engagement à "ne pas organiser ou ne pas participer à tous événements et activités qui nuiraient à la réputation du Bahrain aux niveaux domestique et international ". Ceux qui refusent de signer sont exclus de l'université.

 

Les médias et les organisations de défense des droits de l'homme en Occident ne se sont guère mobilisés pour les victimes de la répression à Manama. A fortiori les gouvernements restent inertes. Le président américain Obama a critiqué verbalement la répression et notamment la destruction de plus d'une vingtaine de mosquées chiites en déclarant : " Les chrétiens coptes doivent avoir le droit de pratiquer leur religion librement au Caire, juste comme les Chiites ne doivent jamais avoir leurs mosquées détruites au Bahrein." Mais aucune sanction n'est envisagée. A Londres, le premier ministre James Cameron s'est même offert le luxe d'une poignée de main devant le 10 Downing Street le 20 mai avec le principal responsable de la répression, le cheikh Salman ben Hamad al-Khalifa en visite officielle. Sur le Bahrein la loi du silence reste de mise.

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