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28 août 2014 4 28 /08 /août /2014 12:38

Selon l'agence de presse serbe Tanjug, les ONG ont joué un rôle actif dans le dernier remaniement du gouvernement  d'Ivica Dačić, dans lequel 11 des 21 ministres ont été remplacés et le parti Régions unies de Serbie (URS) a été exclu de la coalition au pouvoir. Les Campagnes des organisations de la société civile (CSOs) ont contribué selon l'agence à l'éviction de personnalités comme les ministres de l'éducation et de la culture, ainsi que ces associations s'en sont elles-mêmes vantées, lors d'une réunion à Belgrade le mercredi 27 août.


great_seal_of_the_us.pngLe directeur de la mission USAID de Serbie (USAID est une agence financée par le gouvernement américain), Peter Wiebler (un spécialiste de l'ex-URSS qui a déjà travaillé pour Freedom House en Europe centrale et pour USAID en Afghanistan, en Ukraine, en Moldavie et à Gaza) présent à cette réunion, s'est déclaré très satisfait et a estimé que la société civile  "devrait être fière" des résultats qu'elle a obtenus en 2013. Il a ajouté que les CSOs devraient être plus impliquées dans le processus de négociation entre l'Union européenne et la Serbie en vue de son adhésion, et faire davantage connaître leur action comme elles l'ont fait lors des inondations du mois de mai.

 

L'ingérence via le "soft power" et notamment les politiques de coopération est une priorité de l'administration Obama. Elle a fait l'objet de condamnations explicites de la part de divers gouvernements d'Amérique latine.

 

La Serbie, en ce moment, est un enjeu du  bras de fer entre Washington et Moscou, les Occidentaux essayant d'obtenir du gouvernement de Belgrade qu'il soutienne le nouveau régime putschiste en Ukraine et fasse capoter le projet de gazoduc russe Southstream (contre lequel l'Iran vient de porter un mauvais coup dans le cadre du rapprochement avec Washington ce mois-ci)

 

F. Delorca

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 22:55

balkans.jpgDeux symboles de la progression de la Turquie en Europe de l'Est :

 

1) Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch à Ankara a annoncé le 12 octobre la signature d'un accord de libre échange, qui, parallèlement à l'adhésion de l'Ukraine à la zone de libre-échange de l'Union européenne porterait les échanges commerciaux turco-ukrainiens de 6 à 20 milliards de dollars par an en 2015, ce qui permettrait aux produits turcs de remplacer en partie les produits russes (montant d'échange 60 milliards de dollars actuellement), Moscou ayant fait savoir que Kiev ne pouvait à la fois commercer sans barrière avec l'Union européenne et adhérer à l'Union douanière eurasiatique qu'elle promeut

 

2) Le 26 octobre le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan était à Prizren, au Kosovo (où se préparerait la création par l'Union européenne d'un nouveau tribunal pénal international chargé des crimes commis par les dirigeants albanais autour des trafics d'organes), et déclarait « La Turquie, c'est le Kosovo et le Kosovo, c'est la Turquie. Nous sommes tous les enfants du même pays, forts et unis comme des frères. Nous partageons la même histoire et la même civilisation. » (Ces propos ont cependant par la suite été édulcorés par le ministre turc des affaires étrangères après la colère suscitée à Belgrade).

 

La Turquie est aujourd'hui le troisième investisseur au Kosovo derrière la Grèce et l'Italie. Elle est le quatrième en Bosnie-Herzégovine. Elle rénove les vestiges du passé ottoman, finançant la rénovation de mosquées, de hammams et d'écoles coraniques bâtis par les sultans en Macédoine, en Bulgarie ou en Albanie.

 

Sur Strategic-Culture.org, Piotr Iskenderov montre que les Occidentaux laissent carte blanche pour une nouvelle pénétration de la Turquie dans les Balkans, en échange de sa non adhésion à l'Union européenne, ce qui répond à un besoin de la Turquie (où vivent, outre les descendants des Turcs d'Europe chassés au XXe  siècle, 1,2 million d'Albanais) aussi d'assumer son héritage balkanique. 

 

F. Delorca

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23 août 2013 5 23 /08 /août /2013 15:01

Après quelques rodomontades contre l'extrême-droite hongroise le 14 août, le président roumain Traian Basescu, lors d'une récente visite à Chisinau le 17 juillet, aurait déclaré aux journalistes, «Notre priorité est d'assurer l'intégration de la Moldavie dans l'Union Européenne dans les 10-12 années à venir» et ajouté : «Cela contribuera à l'unification des deux pays» (selon la Fondation de culture stratégique , information non reprise par la presse occidentale, mais le journal roumain Romania Libera confirme que dès 2010 Basescu, qui a lui-même sollicité la nationalité moldave, a fixé un objectif de réunification avec la Moldavie à l'horizon d'un quart de siècle). Ce faisant Basescu se pose de plus en plus en "Erdogan roumain" désireux de placer Bucarest dans le rôle du protecteur de la roumanité au delà des frontières roumaines (il a cependant admis que le puissant Parti communiste de Moldavie, actuellement dans l'opposition, restait hostile à cette unification, tout comme à l'entrée de la Moldavie dans l'Union européenne).

 

En outre à l'occasion de cette visite du 17 juillet, un traité de coopération militaire a été signé entre Bucarest et Chisinau.

 

La presse russe accuse l'OTAN de vouloir installer une base en Moldavie (dont la constitution prohibe toute adhésion à une alliance militaire internationale), ce qui impliquerait directement l'Alliance atlantique dans un conflit potentiel avec la Transnitrie sécessionniste. Nezavissimaïa Gazeta en Octobre 2012 avait précisé sur le fondement des confidences de Vladislav Finagin, chef du comité de Transnistrie pour la sécurité d'Etat, le centre d'entraînement militaire de Bulboaca (près de Chisinau) est en cours transformation en base de l'OTAN.

 

La Nezavissimaïa Gazeta, toujours elle,le 23 août, citée par Ria Novosti, et qui se fonde elle-même sur le journal Romania Libera estime sous la plume de Svetlana Gamow que les déclarations agressives de Basescu pourraient compromettre la signature d'un accord d'association entre la Moldavie et l'Union européenne, et que Bruxelles se propose de différer cette signature.

 

La rhétorique de de Basescu a aussi pour effet d'empêcher tout réglement avec la Transnistrie, qui voit dans le nationalisme roumain un argument pour poursuivre sa propre voie : celle de l'intégration dans la future Union eurasienne, défendue notamment par l'ONG Eurasian integration qui a ouvert un bureau à Tiraspol, orientation tournée en dérision par le président Basescu, pour qui les Moldaves n'ont pas vocation à se rattacher à l'Eurasie parce "qu'ils n'ont pas les yeux bridés" (sic - cf ziare.com).

 

F.Delorca

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20 avril 2013 6 20 /04 /avril /2013 12:09

Les autorités de Belgrade et de Pristina parviennent à un accord sur le Nord-Kosovo (serbe) sur la base des principes européens du "local self-government", avec une police régionale dirigée par un serbe du Kosovo nommé par le gouvernement de Pristina sur proposition des municipalités serbes, et une juridiction paritaire serbo-albanaise pour la résolution des conflits. Les élections dans cette région seront organisées sous les auspices de l'OSCE (UE et ex URSS), la question des télécoms et de l'énergie est laissée en suspend et la perspective de l'adhésion commune à l'Union européenne est soulignée. Les négociateurs serbes affirment qu'ils ont eu des garanties de l'OTAN que les forces kosovares n'entreront pas dans la région du Nord. Le gouvernement serbe souligne que l'accord n'implique aucune reconnaissance du Kosovo. Les Serbes du Nord- Kosovo refusent l'accord et demandent le rattachement à la Serbie. L'accord devrait être signé la semaine prochaine à Bruxelles.

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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 18:33

balkans.jpgLe huitième round des pourparlers entre Pristina et Belgrade s'est soldé par un échec, le 2 avril dans la nuit sur le statut de la petite enclave peuplée d'environ 50 000 Serbes située dans le nord du pays. Bruxelles a donné à Belgrade jusqu'à mardi pour dire si elle prête à œuvrer en faveur d'une réunification.

 

Dans une intervention télévisée dimanche soir, le vice-Premier ministre Vucic, a révélé que lors de la réunion à Bruxelles le 2 avril, la délégation serbe n'avait pas reçu un projet écrit d'accord. "Nous n'avons reçu aucun document. On nous a simplement lu ce qu'on nous demande" de faire, a-t-il expliqué. (Al Watan).

 

Le grand Mufti de Belgrade aussi bien que les autorités orthodoxes ont encouragé le gouvernement serbe à ne pas céder. Celui-ci a fini par rejeter l'ultimatum européen.

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 02:49

moldova.pngDepuis plusieurs années, le parti communiste moldave (PCRM) est un obstacle à l'alignement de la petite république de Moldavie sur les standards de Bruxelles, face à une droite qui, à la chute de l'URSS, a rêvé d'une "Grande Roumanie" dont l'adhésion à l'Union européenne pouvait permettre de parachever le projet.

 

Après avoir été au pouvoir de 2001 à 2009 sous la présidence de Victor Vorodine, le PCRM a dû quitter le pouvoir à l'issue des élections législatives de d'avril 2009 (cf article sur ce blog) face à des troubles possiblement orchestrés par les Occidentaux (on a  alors évoqué les similitudes avec les révolutions colorées). Une longue période de blocage institutionnel s'en est suivie.


À la suite des élections législatives de juillet 2009, quatre partis d'opposition (Libéral-démocrate, Libéral, social-démocrate, et chrétien-démocrate) se sont unis pour former une Alliance pour l'intégration européenne (AIE) qui a remporté 53 sièges contre 48 au Parti communiste (44,7 % des voix). Cependant la coalition n'a pu élire son candidat à la présidence de la République, car selon les amendements constitutionnels votés en juillet 2000, cela nécessite 61 voix sur les 101 membres du Parlement.


Dans une telle configuration, de nouvelles élections auraient dû avoir lieu, mais la même Constitution limite le nombre d'élections pouvant être tenues dans un laps de temps aussi court, produisant une situation de blocage. Pour y pallier, la coalition de droite au pouvoir a décidé d'organiser un référendum prévoyant l'élection du Président de la République au suffrage direct.

 

Le Parti communiste a alors appelé au boycott du référendum.Le taux de participation n'a atteint que 30 %, alors qu'il aurait dû dépasser 33,3 % pour être valide.

 

De nouvelles élections législatives se sont tenues le 28 novembre 2010. Le PCRM malgré une érosion obtenait 42 sièges ce qui privait toujours la coalition sortante des 61 sièges nécessaires pour élire le président de la République. Le nouveau parlement n'a même pas pu élire son président pour assurer l'intérim de la présidence de la république prise en charge par le Premier ministre démissionnaire, Vlad Filat. ce n'est que le 30 décembre dernier que Marian Lupu a pu accéde à la présidence du Parlement le 30 décembre, et à la fonction de chef de l'État par intérim.

 

L'impasse institutionnelle vient de trouver une issue peu glorieuse le 4 novembre dernier avec la trahison de trois députés élus sur la liste du parti communiste : Igor Dodon, 36 ans, ex vice-premier ministre qui dirigeait en juin la liste communiste aux élections municipales de la capitale Chisinau (remportant plus de 48 % des voix), Zinaida Greceanii, - ex-premier ministre du gouvernement communiste - et Veronica Abramtchouk, chef du parti socialiste moldave bizarrement élue trois fois sur les listes du Parti Communiste de la République de la Moldavie (PCRM).

 

Ce coup de poignard dans le dos devrait permettre à la droite pro-roumaine d'accéder enfin au contrôle de la présidence. Au lendemain de cette défection le parti communiste a déclaré  dans un communiqué que "les conséquences politiques de cette trahison pourraient porter un préjudice sévère à l'Etat moldave. Les résultats de cette trahsion sont évidents : l'Alliance pour l'intégration européenne a déjà le nombre de voix nécessaire pour élire le président et plus de la moitié de la société moldave est complètement ignorée". L'ancien président V. Voronine à l'occasion d'une commémoration militaire le 7 novembre a estimé que les trois députés ont trahi pour de l'argent versé par des lobbys puissants, en précisant que ces lobbys n'étaient pas russes selon lui (donc que l'argent venaitd e l'Occident). Il a reconnu qu'il anticipait la trahison de Dodon mais pas celle de ses deux acolytes : " Nous ne nous y attendions pas parce que ce sont des dames. C'est plus dur pour les dames de trahir. Les dames ne trahissent pas. Elles avaient probablement des raisons plus importantes" a-t-il ajouté. Dodon pour sa part a avoué qu'il espérait comme prix de sa trahison serait que son acolte Zinaida Greceanii obtienne la présidence de la République. Il a reconnu qu'il s'était même rendu à Bruxelles spécialement pour faire reconnaître que Greceanii était la meilleure candidate pour ce poste. Il a aussi souligné qu'elle avait par ailleurs de bonnes relations avec Gazprom pour garantir la neutralité russe dans cette opération.

 

L'élection est prévue pour le 18 novembre. L'histoire devra dire un jour précisément quels organismes en Europe occidentale ou à Washington auront été derrière cette manipulation...

 

Delphine Jaen

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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 14:46

balkans.jpgAprès la reconnaissance unilatérale de l'indépendance du Kosovo par les principales puissances occidentales (indépendance à ce jour non reconnue par l'Organisation des Nations Unies), les autorités albanophones de Pristina ont franchi un nouveau pas dans l'unilatéralisme cet été en tentant d'instaurer des check-points douaniers entre les districts du nord du Kosovo à majorité serbe et la Serbie non-kosovare.

 

Cette mesure viole la résolution 1244 de l'ONU (stipulant l'intégrité territoriale de la Serbie) et revient à vouloir couper définitivement les Serbes kosovars des Serbes du reste de la Serbie. Des groupes de Serbes du Nord du Kosovo ont réagi en bloquant les forces de police des autorités albanophones, en incendiant des postes douaniers et en installant des barricades en août dernier.

 

Ces actions de Serbes kosovars ont embarrassé Belgrade engagé dans une négociation avec Pristina afin de faciliter la candidature de la Serbie à l'entrée dans l'Union européenne, et n'ont donc guère fait l'objet de soutiens de la part du gouvernemebnnt serbe (Mme Merkel la chancelière allemande lors de sa visite le 23 août dernier ayant sommé à nouveau Belgrade de reconnaître le Kosovo si elle veut rejoindre l'UE). Paradoxalement c'est la Russie qui s'est trouvée la plus libre pour défendre l'intégrité territoriale de la Serbie : le 16 septembre, alors que la mission de police européenne Eulex envisageait de parachuter des fonctionnaires albanophones sur les postes douaniers, l 'ambassadeur russe en Serbie, Alexandre Konouzine, a quitté jeudi le Forum régional sur la sécurité dans les Balkans qui se tenait à Belgrade en raison du refus des participants d'examiner la situation actuelle au Kosovo. "Je suis surpris. L'Otan, la Kfor et la mission Eulex envisagent de déployer des douaniers kosovars aux postes-frontières dans le nord du Kosovo, ce qui revient à violer leur mandat et la résolution 1244. L'auditoire du forum n'a pas réagi. Y a-t-il des Serbes dans la salle? Le destin de vos compatriotes vous préoccupe-t-il?" a-t-il lancé au public serbe.

 

Le mardi 27 septembre, la Kfor (force de l'ONU au Kosovo composée majoritairement de soldats de pays de l'OTAN), a démantelé par la force dans la matinée une barricade érigée par des Serbes à proximité du poste de Jarinje.

 

A cette occasion les soldats occidentaux entourés d'une foule de 1 500 civils, n'auraient pas hésité à tirer avec des balles en caoutchouc. Selon le directeur de l'hôpital de Kosovska Mitrovica, Milan Jakovljevic, cité par l'agence serbe Beta, six Serbes blessés par balles ont été hospitalisés dans son établissement (au total le nombre de blessés d'élèverait à seize). Quelques heures plus tard, en représaille, l'explosion d'une bombe artisanale a fait quatre blessés dans les rangs de la Kfor.

 

Selon les déclarations de l'ambassadeur russe  à l'agence Interfax, les civils serbes blessés auraient fait l'objet de tirs à balles réelles et non de balles en caoutchouc. Il a accusé l'OTAN de "provoquer un nouveau conflit dans la région". La Kfor, pour sa part invoque l'autodéfense, mais la Russie demandera une enquête auprès de l'ONU.

 

Les Serbes kosovars ont renforcé les dispositifs de barricades, notamment dans la ville de Mitrovica.

 

Parallèlement à ce regain de tension, l'enquête sur les trafics d'organes de prisonniers civils de 1998-99 dans lesquels serait impliqué l'actuel premier ministre kosovar (et ex chef de l'UCK) Hashim Thaci se poursuit sous la houlette de la mission européenne Eulex. Un américain John Clint Williamson a été désigné "procureur en chef" d'une équipe spéciale le 29 août dernier. L'Eulex a mis en accusation sept personnes dont un Turc Yusuf Ercin Sonmez et un israélien d'ascendance turque Moshe Harel tous deux en fuite. Beaucoup de Serbes du Kosovo s'indignent de la nomination de Williamson comme procureur en chef. Selon l'ex-président de la commission pour les affaires d’enlèvement et de disparition, Vladimir Bojovic les autorités serbes étaient au courant du trafic d'organes dès 2001 mais les organes judiciaires de MINUK (Mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo) à l'époque dirigés par Williamson ne voulaient pas coopérer, et celui-ci ne se serait occupé sous son mandat que de faire arrêter des officiels serbes accusés de crime de guerre.

 

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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 17:46

L'ancien chef des forces serbes de Bosnie le général Ratko Mladic, recherché depuis quinze ans par le "tribunal pénal intenational" pour l'ex-Yougoslavie (TPIY - un tribunal ad hoc créé par le Conseil de sécurité de l'ONU auquel une certaine partialité a souvent été reprochée) a été arrêté hier à 80 km au nord de Belgrade. Cette arrestation figurait au nombre des conditions posées par les Occidentaux pour l'adhésion de la Serbie à l'Union européenne.

 

Le général Mladic est accusé d'avoir planifié le génocide de 7 000 à 8 000 civils musulmans bosniaques dans l'enclave de Srebrenica à l'Est de la Bosnie (au coeur de la zone serbe) pendant la guerre civile bosniaque. Le 7 juillet 1995 profitant du retrait des casques bleus hollandais qui protégaient la ville (et selon certains, au terme d'un possible accord de non intervention aérienne avec la Forpronu qui venait de récupérer des soldats-otages quelques jours plus tôt ), l'armée l'Armée de la République serbe de Bosnie (VRS) commadée par Mladic faisait son entrée à Srebrenica. Les femmes et les enfants étaient envoyés par autobus dans la partie musulmane de la ville. Les hommes auraient été systématiquement massacrés pendant plusieurs jours, justifiant l'accusation de "génocide" et "crime contre l'humanité".

 

Ces meurtres s'expliqueraient selon les partisans de l'ex Armée de la République serbe de Bosnie (VRS) par le climat de guerre civile qui régnait dans la région. Le chef de guerre musulman Naser Orić  qui dirigeait l'armée musulmane à balkans.jpgSrebrenica aurait lui-même tué des centaines de civils serbes et fait régner la terreur dans la zone en 1992-93. Il a été acquitté par le TPIY en 2008. Pour les Occidentaux et les Musulmans de Bosnie il s'agirait d'une opération de nettoyage ethnique "à froid" (ce qui la distinguerait par exemple des massacres commis par les Américains à Faludjah en 2004).

 

L'arrestation de l'ex-général Mladic a été saluée en Serbie par les partis européistes comme le parti libéral démocrate. Le parti radical serbe (nationaliste) dont le leader V. Seselj est jugé par le TPIY en ce moment a annoncé qu'il organisera une manifestation de protestation - mais sans garantie que la police l'autorise. Le parti progressiste de M. Nikolic, issu d'une scission du Parti radical s'est pour sa part tenu dans une posture plus modéré manifestant seulement les "questions" que lui inspire cette arrestation à un moment où l'Union européenne fait pression pour un dialogue entre Belgrade et Pristina.

 

En République serbe de Bosnie (Republika Srpska, une entité fédérée issue des accords de Dayton), le président social démocrate Milorad Dodik s'est félicité de cette arrestation.

 

La République serbe de Bosnie est régulièrement menacée par des propositions occidentales de la supprimer purement et simplement.

 

En mars dernier, une nouvelle illustration du "deux poids deux mesures" de la justice internationale pro-occidentale à l'égard de cette entité avait été révélée par la libération de Jovan Divjak. Cet ancien général d'origine serbe qui avait dirigé l'armée musulmane à Sarajevo était recherché pour avoir fait tirer sur des recrues serbes désarmées au moment où celles-ce se retiraient de la ville en 1992. Arrêté en Autriche le 3 mars dernier il avait été libéré six jours plus tard contre une caution de 500.000 euro, payée par le canton de Sarajevo et la fondation Pravda (Justice). Cette libération a fini de convaincre les Serbes de Bosnie que les présumés criminels de guerre musulmans et croates ne seraient jamais traités sur un pied d'égalité avec les criminels de guerre serbe. La crise politique provoquée par cette affaire en République serbe de Bosnie décida début avril l'assemblée nationale de cette entité à soumettre à référendum un projet tendant à soustraire la partie serbe à la juridiction du système judiciaire de Bosnie accusé de n'avoir jamais jugé de criminels de guerre de la partie musulmane et de n'avoir pas, en l'occurrence, agi pour l'extradition de Divjak.

 

Les Occidentaux ont immédiatement menacé la République serbe de sanctions si le projet de référendum venait à se réaliser. Milorad Dodik a dû renoncer au projet de référendum  après sa rencontre avec la représentante de l'Union européenne Catherine Ashton. De retour des Etats-Unis où il avait présenté son rapport devant le Conseil de sécurité des Etats-Unis, le haut représentant des Nations-Unies, l'autrichien Valentin Inzko, n'avait pas hésité à menacer de "destituer" le président élu par les Serbes.

 

L'arrestation de Mladic s'est accompagnée de manifestations de solidarité en République serbe de Bosnie et pourrait entretenir le sentiment de persécution qui prévaut dans cette entité.

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 10:49

Voici l'intégralité de l'article de Frédéric Delorca, publié en deux parties dans les numéros de décembre 2010 et janvier 2011 de la revue de l'Association Républicaine des Anciens Combattants "Le Réveil des combattants".

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La montée de l’Extrême droite en Europe de l’Est

Les échauffourées qui ont accompagné le match Italie-Serbie à Gênes le 12 octobre au soir, deux jours seulement après les émeutes provoquées par les ultranationalistes en marge de la Gay Pride du 10 octobre à Belgrade (émeutes qui ont fait plus d’une centaine de blessés, essentiellement des policiers serbes) sont venues rappelé combien le mélange détonnant d’hooliganisme, de machisme homophobe et de nationalisme exacerbé se porte aujourd’hui bien en Europe de l’Est, sous le discours lénifiant pro-européiste de la plupart des gouvernements. Plus généralement c’est dans l’ensemble de l’ex-Europe de l’Est que ressurgissent aujourd’hui les passions nationalistes, la xénophobie et les vieilles nostalgies des années 30-40, un phénomène qui n’est pas complètement nouveau (on l’avait constaté déjà avec l’effondrement des régimes soviétique dans les années 1990), et qui a trouvé un regain de vigueur sous la férule des dogmes néo-libéraux.

Les Balkans occidentaux

Le cas serbe est évidemment spectaculaire. Ce n’est sans doute pas dans tous les pays que l’extrême droite peut mobiliser 6 000 casseurs pour affronter 5 000 policiers et les conduire à saccager le siège de deux grands partis politique - le Parti démocrate et le Parti socialiste (l’ancien parti de Milosevic devenu pro-européiste). A Zagreb en Croatie, et à Sofia en Bulgarie, ou encore dans l’habituellement très sage Estonie en 2006, les homophobes extrémistes n’étaient qu’une poignée pour tenter de contrecarrer les différentes gay pride au cours des cinq dernières années.
balkans.jpg
Sans doute la Serbie est elle aujourd’hui le pays des Balkans où l’extrême droite est la plus puissante. Le parti radical d’extrême droite n’a jamais recueilli moins d’un tiers des voix depuis la chute de Slobodan Milosevic. Aux élection présidentielles de février 2008, son candidat Tomislav Nikolic a même recueilli plus de 47 % des voix au second tour (dans un scrutin disputé où a participation a dépassé les 60 %). Et rien n’indique que la récente scission au sein de sa direction doive le vouer au déclin.

La Serbie paie ici les conséquences de sa diabolisation auprès des pas occidentaux, malgré sa capitulation inconditionnelle sur tous les dossiers (à l’exception de celui de la reconnaissance du Kosovo). Le pays a largement perdu sa souveraineté. Le cadre institutionnel, qui a liquidé la République fédérale de Yougoslave, est issu d’une « révolution colorée » téléguidée depuis Washington (la première du genre) en octobre 2000. Belgrade a été sommé d’extrader vers le très douteux tribunal international pour les crimes de guerres en ex-Yougoslavie quatre de ses généraux et un amiral. Sur le plan économique le pays a privatisé les fleurons de son économie, et l’ancien quartier populaire fief de la gauche dans la capitale « Nouveau Belgrade » est le paradis des grandes banques occidentales.

Les récompenses reçues pour l’alignement humiliant de la Serbie ont été des plus minces : l’adhésion à l’Union européenne promise par certains a été sans cesse retardée. Dans un premier temps il était reproché à Belgrade de ne pas fournir suffisamment d’efforts pour retrouver le général bosno-serbe Mladic accusé de crime contre l’humanité à Srebenica. Aujourd’hui la procédure d’adhésion est bloquée… par les Pays-Bas, alors qu’elle avait été promise en septembre par le grands pays de l’Union en échange du renoncement de la Serbie à la présentation devant l’assemblée générale des Nations-Unies (où elle compte de nombreux soutiens) d’une motion dénonçant la reconnaissance unilatérale du Kosovo. Par ailleurs le pays reste menacé par divers irrédentismes au Sanjak et en Voïvodine.

Dans ce contexte, et alors qu’à gauche le parti socialiste (dont le président Milosevic est mort à la Haye dans des conditions étranges, peut-être épuisé par le rythme d’un procès qui échouait à démontrer la véracité des charges portée contre lui) s’est piteusement rallié aux européiste, le parti radical peut capitaliser sur son image de parti « anti-impérialiste » pro-russe, dont le leader est incarcéré à La Haye et qui se réclame d’une longue tradition remontant à son homonyme fondé en 1881 (à l’époque de la lutte contre l’Autriche-Hongrie), et de la résistance des monarchistes tchetniks face à l’hitlérisme.

Mais la Serbie n’est pas le seul pays à l’Ouest des Balkans où l’ultranationalisme et la xénophobie prospèrent. En Bosnie Herzégovine, les élections parlementaires et législatives du 3 octobre dernier, ont confirmé chez les Serbes comme chez les Croates de ce pays de fait administré par l’Occident, dans chacune des entités ethniques issues des accord de Dayton, la victoire des partis nationalistes et un refus de cohabiter dans une nation multiculturelle. En Février 2010 est né en Bosnie un  Mouvement de la fierté nationale bosniaque d’inspiration néo-nazie a été créé. Il se réclame du souvenir de la division SS Handschar  et proclame que « les Juifs, les Roms, les Tchetniks, les séparatistes croates, Tito, les communistes, les homosexuels et les Noirs » sont ses principaux ennemis. La nostalgie nazie (oustachi) est aussi répandue en Croatie. Au Kosovo les violences et harcèlements contre la minorité serbe se poursuivent, le Conseil de l’Europe dénonce régulièrement le racisme anti-rom en Albanie, et en 2006 le ministre des affaires étrangères albanais Besnik Mustafaj agitait encore la perspective de créer une grande Albanie.

Si les causes de ces résurgences sont multiples, nul doute que l’incapacité de l’Union européenne et des Etats-Unis à offrir une voie de développement et de cohabitation aux peuples des Balkans après avoir joué les pompiers pyromanes dans l’éclatement de l’ex-Yougoslavie.

Plus à l’Est aussi

Aux marches orientales de l’Union européenne aussi le nationalisme et la xénophobie se portent bien. Le 27 juillet 2008, la ville de Lviv, ancienne Lemberg, capitale de la Galicie, organisait en partenariat avec la télévision locale une grande manifestation en l'honneur de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), le courant nationaliste ukrainien qui avait collaboré avec les nazis (avant de les combattre) et de la SS Galicia, une unité supplétive de la SS constituée de nazis ukrainiens ayant commis des massacres de civils, notamment en ex-Yougoslavie.« Aussi surprenant que cela puisse paraître, quand la Crimée vit tout entière dans la nostalgie de l'URSS, la Galicie, naguère polonaise et intégrée aujourd'hui à l'Ukraine, très nationaliste, est quant à elle nostalgique de son allégeance à l'occupant nazi » écrivait en des termes un peu schématiques l’essayiste et romancier Michaël Prazan, le 15 septembre 2008, dans un blog lié au journal Le Monde. Le chef de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUM) Stepan Bandera a des rues à son nom, des monuments et des musées à sa gloire dans plusieurs villes d’Ukraine occidentale.

Ce néo-nazisme galicien s’oppose à des formes d’ultra-nationalisme russe qui présentent des traits similaires en ce qui concerne le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie notamment, et sont disséminées dans plusieurs dizaines de mouvements allant du parti national bolchévique au mouvement Pamyat. Ces tendances marginalisées au cous des dernières années sur l’échiquier politique par la prédominance du parti de Poutine Russie unie continuent à entretenir des tensions dans la société à travers divers incidents relatés dans la presse.

L’orientation idéologique du Conseil de l’Europe, qui depuis des années place le nazisme sur un pied d’égalité avec le communisme, n’est pas pour rien dans la banalisation de l’ultra-nationalisme de ces pays. De même la politique offensive de George W. Bush, à peine atténuée depuis peu par Barack Obama, qui, à travers des révolutions de couleur en Ukraine et en Géorgie, recherchait systématiquement l’encerclement de la Russie, a aussi joué un rôle considérable dans le renouveau des thématiques nationales.

Parmi les nouveaux membres de l’Union européenne

euro.jpgMais le fléau ultra-nationaliste, dans des versions volontiers fascisantes, revient aussi en force désormais à l’intérieur des frontières de l’Union européenne elle-même, particulièrement dans les pays autrefois alliés aux puissances de l’Axe, où le communisme n’a été imposé que de façon artificielle par l’occupation de l’Armée rouge.

Le cas topique qui a inquiété dans les années 2000 est celui de la Lettonie où des rassemblements de nostalgiques des divisions SS se tenaient annuellement sans émouvoir outre-mesure les gouvernements en place à Riga, ni non plus susciter de réactions hostiles de la part des gouvernement d’Europe occidentale. Ces rassemblements néo-nazis ont fini par susciter une certaine agitation à Londres en mars dernier lorsque les partisans de Tony Blair ont reproché au parti conservateur anglais de former un groupe commun au Parlement européen avec le parti « Pour la patrie et la liberté/LNKK » (un parti membre de la coalition gouuvernementale à Riga ouvertement associé à ce réjouissances fascisantes, qui avait recueilli près de 30 % des suffrages aux premières élections des députés lettons au Parlement européen, et qui a heureusement divisé par 4 son score en 2007). Le secrétaire d’Etat étatsunien Hilary Clinton, sous la pression d’organisations juives, avait déjà convoqué David Cameron à sujet en octobre 2009.

Dans l’ensemble cependant la polémique est restée circonscrite à la campagne électorale britannique. Les grands journaux des autres pays n’en ont guère parlé, pas plus qu’ils ne se sont émus de la marche des nationalistes à Vilnius aux cris de « La Lituanie aux Lituaniens » le 11 mars dernier, ni des exercices paramilitaires très douteux organisés chaque année en Estonie avec la bénédiction des autorités de Tallin, en l’honneur du groupe Erna qui, en 1941, livrait des informations aux nazis sur les mouvements de l’Armée rouge. Comme l’ont noté des observateurs perspicaces, on attend toujours que les autorités des pays baltes déploient le même zêle à arrêter les retraites de Waffen SS qu’elles ne l’ont fait à mettre sous les verrous des agents de l’ancien régime communiste. Aucun ancien criminel d’extrême droite n’a été arrêté dans cette région depuis la chute de l’Union soviétique.

La Lituanie reste aujourd’hui un mélange particulièrement détonnant pour l’Union européenne. Pays où vit la plus forte minorité russe (25 % de la population, et une minorité unie derrière le mouvement de gauche « Centre de l’harmonie » qui a recueilli près de 20 % aux élections européennes), il est aussi celui qui connaît un traitement de choc à la mode argentine : obligé par les financiers internationaux de s’accrocher à l’euro fort tout en réduisant drastiquement ses coûts de production pour maintenir sa compétitivité extérieure, il a subi une récession plus violente que celle des Etats-Unis en 1929. Le PNB a chuté de 24 % en deux ans (2008-2009), et le chômage (très faiblement indemnisé) a bondi à plus 20 %. La bonne recette pour cultiver le nihilisme politique.

La Hongrie, autre allié historique du Reich allemand, est aussi à l’avant-garde de la renaissance du fascisme. Le parti Jobbik, un mouvement xénophobe né dans des cercles estudiantins en 2003, qui insiste sur la préservation des identités historiques (le souvenir de l'amiral Horthy), le christianisme, la culture hongroise, la famille ou encore l'autorité, a recueilli 12 % aux dernières élections législatives d’avril 2010, soit presque autant que le parti socialiste au pouvoir jusqu’alors (et des piques à près de 30 % dans les zones à fortes densités de Rom).

L’exemple magyar est un cas intéressant où des formes fascisantes naissent sur le terreau d’un patriotisme conservateur populaire. Jobbik a grandi à l’ombre du Fidesz (Union Civique Hongroise) qui, alors que le parti socialiste hongrois (ex communiste) s’est rallié corps et âme aux politiques néo-libérales, se présente comme un rempart à la mondialisation. Ce parti depuis quelques années promet de donner des passeports hongrois à tous les ressortissants des minorités hors de son territoire (en Roumanie, en Serbie, en Slovaquie), et contribue à banaliser la diffusion de la carte de la Grande Hongrie de 1914. Le Fidesz au pouvoir depuis avril dernier avec le soutien d’une majorité écrasante, aurait pu renverser par la force le socialiste (social-libéral) Ferenc Gyurcsány dès octobre 2006. Celui-ci avait provoqué une insurrection populaire contre lui en avouant avoir menti aux Hongrois pour se faire réélire et leur avoir présenté des promesses qu’il ne tiendrait pas. Le Fidesz ayant hésité à renverser le gouvernement à ce moment-là, le Jobbik a pu se présenter comme le parti de la surenchère légitime (« le plus à droite et le plus juste » comme l’indique son nom en magyar).

Comme en Lettonie, la crise financière est pour beaucoup dans ce repli nationaliste en Hongrie : diminution de salaires de la fonction publique et des retraites, hausse des impôts, baisse du produit national brut de 7 % en 2009.

Les deux récents entrants dans l’Union européenne, la Bulgarie et la Roumanie - deux pays sous tutelle du FMI – ont aussi voté massivement pour des partis ultranationalistes, aux discours assez similaires. Au premier tour de l'élection présidentielle bulgare de 2006, la candidat du parti ultranationaliste et xénophobe Ataka (Attaque), Volen Siderov, était arrivé second, avec 21,5% des voix, derrière le président socialiste sortant Georgi Parvanov. En 2005, le parti Attaka avait réalisé des affiches montrant une carte de la Bulgarie recouverte de drapeaux turcs et israéliens, pour bien montrer qu'il considère le pays comme « occupé ». Ses militants ont aussi beaucoup exploité la phrase prêtée au président israélien Shimon Peres à l’hôtel Hilton de Tel-Aviv l0 octobre 2007 « De la part d’un petit pays comme le notre, c’est presque stupéfiant. Je vois que nous achetons Manhattan, la Hongrie, la Roumanie et la Pologne ». En Roumanie, le Parti de la Grande Roumanie (Romania Mare) est plutôt sur le déclin (il est passé sous la barre des 5 % en 2009) mais la cure d’austérité dans laquelle le pays est plongé pourrait lui profiter.

Certes certains pays, notamment ceux qui ont été jadis les plus opprimés par le nazisme comme la République tchèque ou la Pologne, échappent aux résurgences du fascisme (ce qui n’exclut cependant pas le développement en leur sein de mouvements nationaux-conservateurs). En outre la volatilité de l’électorat en Europe de l’Est peut toujours faire espérer un déclin rapide de certains partis d’extrême droite aujourd’hui portés par les conséquences de la crise financièee (le cas s’est déjà vérifié dans les années 1990). Mais ces phénomènes récents en tout état de cause traduisent un malaise, qui imprègne profondément aujourd’hui l’Europe centrale et orientale, un malaise qui signe l’incapacité des puissances occidentales, et de la technostructure bruxelloise, à proposer au continent européen des options démocratiques et pacifiques auxquelles les populations seraient en mesure d’adhérer sur le long terme.

Frédéric Delorca

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1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 16:16

Son Parlement boycotté par l'opposition (65 députés sur 140) ne fonctionne plus depuis le 28 juin 2009. 200 sympathisants du Parti socialiste de ce pays dont plusieurs députés sont en grève de la faim depuis le 30 avril dernier pour obtenir un nouveau décompte des voix de lélection législative de 2009. Manifestations et contre-manifestations  se succèdent. Ce pays c'est l'Albanie. L'Union européenne (UE) a annoncé que ce blocage risquait de compromettre la politique de libéralisation des visas avec ce pays. Pour le reste, elle demeure passive. Selon certains, les dirigeants européens miseraient ainsi sur l'épuisement progressif du Parti socialiste. Il est vrai que le premier ministre de droite Sali Berisha, accusé de fraude électorale, garde le soutien de la droite européenne : en avril dernier la Fondation Robert Shuman le recevait à Bruxelles en présence de Joseph Daul, président du Parti populaire européen. Deux mois plus tard, ce dernier se rendait à Tirana pour demander aux socialistes d'arrêter leur boycott, et se vantait d'avoir été à l'initiative d'une résolution du Parlement européen en faveur d'une politique d'assouplissement des visas.

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Pourtant la politique de Sali Berisha reste des plus douteuses. Quand il prend des initiatives, il s'emploie surtout à réviser les manuels d'histoire pour salir la mémoire des résistants antifascistes et à cimenter l'unité nationale autour du souvenir de Mère Teresa (pourtant née en macédoine). Il souhaite aussi construire une centrale nucléaire en partenariat avec son ami Berlusconi, qui a proclamé récemment son goût pour les prostituées albanaises, alors pourtant que le coût de cette centrale serait égal à la moitié du PNB du pays !  

 

En début de semaine le président Bérisha avait laissé entrevoir un signe d'assouplissement en envisageant une loi de réforme du code électoral. Mais la situation s'est à nouveau tendu le 30 juin.

 

L'Albanie est un des pays les plus pauvres de l'Europe avec un PNB par habitant de 2 730 dollars en 2005. Un million d'Albanais sur les 4 que comptait le pays a émigré à l'étranger au cours des quinze dernières années.

 

Dans le système économique albanais, les mafias spécialisées dans le trafic d’êtres humains et de la drogue jouent un rôle important surtout dans le nord du pays, à structure clanique, qui est aussi depuis 1945 traditionnellement le fief des anti-comunistes et de la droite nationaliste - alors que le Sud peuplé de travailleurs agricoles tosks était la base sociale du régime d'Enver Hodja. Bérisha lui-même est originaire des populations gheg du nord et y recrutait sa garde prétorienne dans les années 1990, du temps où il fut président de la République.

 

Une partie de ces mafias du Nord liées à l'UCK kosovare sont impliquées dans des affaires de trafic d'organes de civils serbes qui remontent à 1998-99 qui font l'objet d'investigations de l'ONU et du Tribunal pénal international. Les réticences de l'Albanie à coopérer avec l'ONU sur ce dossier jouent en sa défaveur aux yeux de l'UE. Mais selon le Washington Times Washington aurait continué de soutenir les albano-kosovars et leur aspiration à l'indépendance en 2008 largement par crainte des violences que ceux-ci pouvaient développer à l'encontre même de leurs protecteurs occidentaux. Le lobbying pro-kosovar des occidentaux dans les conférences internationales se poursuit en tout cas avec la participation active de l'ancien président Clinton.

 

Aujourd'hui Sali Berisha a beau proclamer qu'il a réprimé la mafia, l'Albanie qui a intégré l'OTAN en 2008 et entretient un contingent en Afghanistan malgré son faible budget militaire, est très loin de pouvoir envisager une intégration prochaine à l'UE, comme elle l'avait  espéré pendant un temps. La poursuite de la crise politique pourrait même déboucher sur une situation insurrectionnelle comme le pays l'a connue en 1997.

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