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7 juillet 2012 6 07 /07 /juillet /2012 04:07

Mexicoflag.jpgAprès avoir manqué de peu la présidence de la République en 2006 (à l'époque dans un contexte de soupçon de fraude au profit du candidat de droite), le candidat antilibéral Andrés Manuel López Obrador s'incline cette foi-ci face à un candidat médiatique du Parti révolutionnaire institutionnel (membre de l'internationale socialiste comme M. Hollande et MM.Papandréou, Ben Ali et Moubarak, au pouvoir au Mexique de 1928 à 2000), Enrique Peña Nieto. Son homologue candidat aux présidentielles de la gauche antilbérale française résume sur son blog en ces termes les raisons qui ont pu conduire à ce nouvel échec : "Andrés Manuel López Obrador, a été l’objet d’une campagne systématique de dénigrement et de calomnies par les chaînes de télévision et la grande presse. Son extrémisme populiste, son caractère agressif, ses goûts politiques dangereux, son amitié pour Chavez et Cuba ont été abondamment et méthodiquement dénoncés.(...)Des milliers de « porte-monnaie électroniques » ont été distribués dans certaines circonscriptions et ne seront activés qu’après les élections en cas de victoire. Par exemple des cartes de crédit pour achats dans la chaîne de supermarchés Soriana. De même la distribution de denrées alimentaires ou de matériaux de construction en échange du vote est une pratique courante, désormais parfaitement documentée sur Facebook et Youtube."

 

López Obrador a annoncé qu'il contestera le résultat devant le tribunal électoral, mais il paraît assez isolé : aucune des grandes voix de sa mouvance - Marcelo Ebrard, actuel maire modéré du district fédéral de Mexico et dauphin naturel d'Obrador, Cuauthémoc Cárdenas, ancien candidat à la présidence, Juan Ramón de la Fuente, une autorité morale reconnue - n'ont soutenu cette initiative. Seul le mouvement étudiant #yosoy132 équivalent des "Indignés" le suit encore. Le coup de la défaite est rude pour son parti le Parti de la révolution démocratique, car après des années de règne de la droite et du PRI une occasion immense lui était offerte d'arriver au pouvoir.

 

Dans une interview au  Washington Post jeudi le nouveau président a déclaré qu'il augmentera la coopération avec les Etats-Unis dans le cadre de la lutte contre les cartels de la drogue (responsables de la mort de 60 000 personnes sous le mandat de son prédécesseur), mais refusera la présence d'agents de Washington sur le territoire mexicain. Il continuera cependant à accueillir des instructeurs étatsuniens pour bénéficier de leur expérience dans le domaine de la lutte contre les guérillas en Irak et en Afghanistan, validera la poursuite des vols de drones à des fins de recueillir des informations mais sous la direction du gouvernement mexicain et non de l'administration Obama, et refusera de participer à des exercices conjoints avec les Etats-Unis en Colombie. Cependant Enrique Peña Nieto a annoncé qu'il prendra comme premier conseiller en matière de sécurité le général colombien Oscar Naranjo, ce qui a notamment provoqué la colère des parents des quatre jeunes mexicains civils tués dans le bombardement par le gouvernement de la base arrière de la guérilla des FARC en Equateur en 2008. Naranjo est sous le coup d'un mandat d'arrêt en Equateur depuis novembre 2011 pour l'action illégale de la Colombie dans ce pays et le meurtre d'un ressortissant équatorien au cours de cette opération.

 

Sur le plan économique Enrique Peña Nieto s'est entouré de diplômés des universités étatsuniennes. Il est signataire avec la droite d'un pacte avec l'équivalent mexicain du MEDEF, et défend, à côté des investissements dans les infrastructures, un agenda néo-libéral : maintien de l'indépendance de la banque centrale, "flexibilisation" du marché du travail (remise en cause des droits sociaux), et privatisation partielle du secteur pétrolier (jusqu'ici freiné par le poids des anti-libéraux aux Parlement, où une majorité qualifiée est requise pour ce type de mesure).

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 18:58

pakistan-flag.pngDébut juin le représentant de Vladimir Poutine Zamir Koubolov était en visite au Pkistan où il rencontrait la ministre des affaires étrangères Hina Rabbani Khar peu de temps après la visite à Islamabad du ministre des affaires étrangères chinois. Cette rencontre avait pour but de rapprocher les points de vue des deux pays sur la guerre en Afghanistan, mais aussi de préparer une coopération russo-pakistanaise en matière énergétique alors qu'Islamabad vit dans la pénurie récurrente d'électricité. Depuis 2006 Gazprom rêve de construire un gazoduc Iran-Pakistan-Inde et la Russie souhaiterait intégrer le Pakistan dans l'Organisation de coopération de Shanghaï pour créer une coordination énergétique entre les exportateurs (Iran-Russie-Asie centrale) et les trois grands consommateurs (Chine-Inde-Pakistan), un schéma auquel toutefois le Turkéménistan (important exportateur) hésite à adhérer.

 

Moscou aurait donc proposé au Pakistan une aide énergétique et une participation dans deux projets de gazoducs TAPI (Turkmenistan-Afghanistan-Pakistan-Inde) et IP [Iran-Pakistan], de préférence négociés au niveau gouvernemental plutôt que par appel d'offre. La visite de Vladimir Poutine prévue pour septembre prochain (première visite d'un président russe dans ce pays depuis sa création) pourrait marquer une progression de l'entente russo-pakistanaise sur ces dossiers.

 

Selon l'ancien diplomate indien M. K. Bhadrakumar , l'adhésion du Pakistan à cette stratégie eurasiatique serait catastrophique pour Washington car elle exclurait définitivement les Etats-Unis de l'Asie centrale (et ce d'autant plus que l'Inde esquisse un rapprochement avec la Chine dans le domaine de l'énergie).

 

Mais l'alliance énergétique n'est pas le seul ciment de la nouvelle amitié russo-pakistanaise. Il y a aussi la menace talibane. A partir du retrait américain d'Afghanistan en 2014, les islamistes sont susceptibles de créer un Etat qui couvrira tout ou partie de l'Afghanistan et d'attaquer les Républiques d'Asie centrale ex-soviétiques. Ils pourraient aussi être tentés de tourner leurs ambitions vers le Pakistan en partie peuplé de Pachtounes sympathisants de leur cause, ce qui crée un intérêt entre Ismabad et Moscou pour une stratégie commune d'endiguement.

 

Si après les excuses bien tardives d'Hillary Clinton le 3 juillet pour les 24 soldats pakistanais tués dans des attaques de drones US, le gouvernement Zardari a accepté de réouvrir la voie d'approvisionnement des troupe de l'OTAN en Afghanistan, la tendance de long terme semble bien être celle de l'éloignement entre le Pakistan et les Etats-Unis.

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5 juillet 2012 4 05 /07 /juillet /2012 21:24

La conférence de Genève sur la Syrie du 1er juillet a abouti à une proposition qui rappelle la formule de réconciliation appliquée depuis quelques années (sous les auspices de l'Afrique du Sud) au Zimbabwe : faire cohabiter dans un gouvernement d'unité nationale l'opposition soutenue par les Occidentaux et le parti du président sortant - avec toutefois une ambiguïté d'interprétation entre la France et la Russie sur la question de savoir si ledit président doit ou non quitter le pouvoir, ambiguïté qui n'existe pas au Zimbabwe.

 

Au même moment, au Zimbabwe, la "cohabitation" entre pro-occidentaux (Mouvement pour le changement démocratique - MDC) et anti-impérialistes pro-Mugabe (ZANU-PF) est mise à rude épreuve par un projet de nationalisation des banques lancé par l'entourage du président Mugabe.

 

En 2007 une loi d’indigénisation et de l’émancipation économique a été votée. En application de cette loi, le ministre zimbabwéen de l’indigénisation Saviour Kasukuwere a lancé début juin une enquête pour voir si les banques britanniques Barclays et Standard Chartered (qui forment l'essentiel du dispositif bancaire zimbabwéen avec la sud-africaine Stanbic répondaient aux critères "d'indigénéisation" c'est à dire que 51 % des actifs au Zimbabwe soient contrôlées par des Noirs du pays.

 

Saviour Kasukuwere, 42 ans, est un fidèle de Mugabe, membre du Politburo de son parti la ZANU depuis 2001, mais aussi PDG de grosses entreprises (ce qui nourrit des soupçons sur les buts de son action politique). Aux côtés du président du conseil de l'appropriation economique et de l'indigénéisation nationale (National Indigenisation and Economic Empowerment Board) David Chapfika, il mène le combat de l'indigénéisation dans divers secteurs, y compris les mines et l'agro-alimentaire, un projet qui devrait selon eux créer 5 millions d'emplois en 10 ans, permettre la constructions d'infrastructures de santé et de transport et profiter aux communautés riveraines des mines. En ce qui concerne le secteur bancaire, Kasukuwere s'était déjà confronté l'été dernier, au gouverneur de la banque centrale Gideon Gono (inculpé pour corruption et sabotage de l'économie). Il a aussi contre lui ministre des finances Tendai Biti (membre du Mouvement pour le changement démocratique, actuellement sous le coup d'une enquête de police pour le détournement de 20 millions de dollars d'aide du FMI) et le premier ministre pro-occidental Morgan Tsvangirai qui au printemps dernier s'est opposé au projet de Kasukuwere de nationaliser toutes les grandes entreprises qui ne vendraient pas leurs actions à des jeunes Noirs. Parallèlement des banques,notamment la Stanbic, ont été obligées de créer des fonds d'aide à la jeunesse.

 

Mardi dernier (3 juillet) le journal officiel du Zimbabwe a publié un ultimatum laissant un an aux grandes banques étrangères pour céder 51 % de leurs actifs à des Noirs du pays sous peine de nationalisation. Les milieux financiers voient dans cette menace l'équivalent de la campagne de confiscation des terres des grands propriétaires menée par Mugabe au début des années 2000. La montée au créneau des ministres du MDC contre Saviour Kasukuwere et David Chapfika pourrait constituer, comme l'an dernier, une première ligne de défense pour les banquiers (avant une éventuelle ingérence extérieure), et ce alors qu'un nouveau projet de constitution est à l'étude. Le MDC a déjà dénoncé le risque de voir les investisseurs étrangers se détourner du Zimbabwe et accusé Kasukuwere et Chapfika de vouloir faire main basse sur l'économie pour leur propre compte ou celui des clients de la ZANU.

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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 18:42

Samedi 30 juin, sept des seize mausolées de Tombouctou, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, ont été détruits par les Wahhabites, puis les destructions se sont poursuivies dansles jours qui ont suivi, puis le 2 juillet ce sont les mosquées de la ville qui ont été prises pour cibles. Les Occidentaux craignent qu’ils ne s’en prennent désormais aux dizaines de milliers de manuscrits de la ville dont certains remontent au Moyen-Age. Ces textes rédigés en arabe ou en peul sur des omoplates de chameaux, des peaux de moutons ou de l’écorce, ces textes traitent de théologie, d’histoire, de géographie, d’astronomie, de musique, de littérature, de botanique, de généalogie, d’anatomie (des manuscrits qui avaient déjà été largement négligés par la soi disant communauté internationale qui n'a débloqué des fonds pour leur conservation que le 3 juillet dernier - cf l'Express).

 

Ces exactions s'ajoutent aux nombreux assassinats, pillages et viols commis dans la région depuis six mois. Elles s'insèrent dans un plan d'instauration d'un Islam rigoriste au Nord Mali qui était resté jusque là étranger à la culture salafiste.

 

tombouctou.jpgA Tombouctou, le responsable des destructions est Sanda Ould Boumama, narco-trafiquant proche de l'AQMI (Al Qaida Maghreb), présenté à tort par les agences occidentales selon des sources locales comme un porte parole de Ansar Dine. A Gao, la ville a été prise le 27 juin par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO). Le MUJAO considéré comme dissident de l'AQMI est un mouvement mauritanien qui a notamment enlevé quatre personnes à Tindouf en 2011. Il protège dans ses rangs des membres du Croissant rouge du Qatar qui contribuent ainsi à légitimer son action à Gao... (sur les relations entre le Qatar et le gouvernement français de M. Hollande voir Le Parisien du 23 juin dernier).

 

La ministre malienne de la culture en visite à St Petersbourg s'est prononcée pour une intervention de l'ONU en faveur de la sauvegarde du patrimoine culturel de son pays, et le Maroc fait pression pour une action en ce sens des pays islamiques. L'Algérie jusqu'ici sur une ligne de non-ingérence a reçu diverses demandes d'intervention militaire du gouvernement malien.

 

Tandis que le Niger  (pourtant hostile à la présence de bases françaises sur son sol) fait pression sur la France pour intervenir militairement, les Etats-Unis pour leur part ont déconseillé à la CEDEAO de le faire estimant que le contingent de 3 300 hommes prévu pour intervenir au Mali devrait rester dans la partie sud du pays. Le ministre des affaires étrangères français M. Fabius hier s'est dit confiant qu'une résolution du conseil de sécurité de l'ONU autoriserait prochainement l'usage de la force au Nord Mali (alors que celui-ci début juin encore jouait la carte de l'attentisme). Mais en Afrique des voix comme celle du président guinéen Alpha Conde estiment qu'un envoi de troupes au nord du pays ne serait légitime que si elle était sollicitée par un gouvernement d'union nationale malien, qui n'existe pas en ce moment (du fait notamment ds tergiversations de a CEDEAO sur le sujet).

 

Les effets secondaires de l'intervention militaire des Occidentaux en Libye en 2011 qui ont contribué à transformer l'Ouest africain en un nouvel Afghanistan semble vouer la région à la spirale des interventions extérieures incessantes.

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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 16:57

Suite à l’expulsion de terres occupées par une communauté paysanne qui a mal tourné et fait 17 morts (11 paysans et 6 policiers dont le frère du chef de la sécurité du président) dans des circonstances assez confuses, une enquête est en cours et plusieurs ministres ont démissionné.

 

Les parlementaires, parmi lesquels le président Fernando Lugo, premier président de gauche du Paraguay en 62 ans, ne jouissait que d'une très faible majorité, ont voté pour mettre en accusation celui-ci pour "manquement à ses devoirs durant cette crise. La menace de mise en accusation avait déjà été soulevée par l'opposition à vingt trois reprises. Le président Lugo a répliqué dans une vidéo à la nation affirmant qu’il ne démissionnerait pas. Le Sénat sans attendre l'issue de l'enquête a élu à la présidence Federico Franco, vice-président de Lugo.

 

Selon Walter Goobar dans le quotidien Miradas al Sur, ce coup d'Etat parlementaire pourrait avoir été fomenté par les grands propriétaires latifundiaires (représentés par le Partido Colorado) en laision avec la multinationale Monsanto en prévision d'une éventuelle montée des revendications des paysans sans terre qui n'ont pas encore obtenu la réforme agraire promise par Lugo.Le journaliste se fondant sur les travaux de Idilio Méndez Grimaldi rappelle par ailleurs  qu'une bataille était engagée entre le groupe Monsanto (qui avait ses entrées dans le journal de droite ABC Color) et le mouvement social paysan sur la question de l'introduction de graines de coton transgénique. Le lobby pro-Monsanto (Unión de Gremios de Producción) avait accusé le 7 juin le président du Service national de qualité et de sûreté des semenses (Seneva, un organisme d'Etat) qui refusait d'homologuer ce coton transgénique de népotisme.

 

Les pays d'Amérique latine (Mercosur et Unasur) font bloc pour l'instant et refusent de reconnaître le nouveau président. Les Occidentaux pour leur part sont plutôt sur une ligne indulgente. Le gouvernement américain n'a pas parlé de coup d'Etat et s'est seulement dit "préoccupé". Le ministre allemand de la coopération économique Dirk Niebel a pour sa part qualifié le coup d'Etat parlementaire de "processus normal de changement".

 

Le 22 juin 300 policiers boliviens en grève ont saccagé vendredi des locaux officiels à deux pas du palais présidentiel de La Paz et attaqué à coup de pierres le siège du commandement de la police. Ces policiers grévistes réclament  un salaire minimum supérieur à ce qu'ils perçoivent actuellement, la retraite à taux plein et l'annulation d'une loi leur interdisant de manifester. Malgré la signature d'un accord le 24 avec le syndicat de police Anssclapol qui correspond largement aux attentes des grévistes, des policiers de base dans 8 villes ont annoncé poursuivre la lutte. Selon la ministre de la communication Amanda Dávila, il existerait un "plan Tipnis" pour faire converger les demandes de la police avec les revendications des indigènes en colère contre un projet de construction d'autoroute (cf notre billet du 6 octobre 2011) et provoquer l'affrontement avec l'armée pour motiver un coup d'Etat. L'accusation de projet de coup d'Etat a ensuite été reprise par le chef d'Etat Evo Morales lui-même. Le vice ministre du régime intérieur bolivien Jorge Pérez sur Telesur a dénoncé la présence parmi les grévistes de policiers déjà impliqués dans des actes de mutinerie antérieurs et des personnes liées à l'opposition qui ont intérêt à plonger le pays "dans le chaos".

 

 

Par ailleurs il convient de signaler que le fondateur de Wikileaks Julian Assange, poursuivi par le pouvoir judiciaire suédois, s'est réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres et demandé l'asile politique au motif que selon lui, les Etats-Unis sont susceptibles de faire pression sur la Suède pour obtenir son extradiction et l'incarcérer dans des conditions non respectueuses des droits de l'homem comme ils l'ont fait avec un de ses informateurs Bradley Manning.

 

 

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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 16:09

congo-map.pngLa guerre dans les deux Kivu à l'Est du Congo a connu une recrudescence au cours des derniers mois.  Aux conflits liés à la présence de  les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), des hutus rwandais exilé au Congo  - par exemple dans la nuit du 13 au 14 mai dernier, dans un village du Sud-Kivu à l’est de la RDC, 32 personnes dont 6 enfants ont été sauvagement massacrés par les combattants d’une milice rebelle hutue - s'est ajoutée au Nord Kivu la guerre qui oppose depuis le début du printemps l’armée congolaise (FARDC) aux mutins du M23 (mouvement du 23 mars) dirigés par le colonel Sultani Makenga, ex numéro-deux du général Bosco Ntaganda (poursuivi par la Cour pénale internationale) et composée d'ex-rebelles tutsis du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda. Les combats ont provoqué le déplacement de milliers de population dans la région, avec le lot habituel de meurtre, viols, pillages, l'enrôlement d'enfants-soldats et les décès liés à l'appauvrissement des personnes déplacées (notamment les épidémies). De nouveaux affrontements ont notamment opposé jeudi 14 juin les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) au M23, dans cette province. Le M23 récemment créé revendique l'application des accords du 23 mars 2009 entre la rébellion du CNDP et les autorités congolaises qui prévoyaient notamment la transformation du CNDP en formation politique et l'intégration de ses éléments dans les institutions politiques locales et nationales, ainsi que dans l' armée.

 

On craint aussi une déstabilisation de la province Orientale voisine où une rebellion ituri pourrait se soulever sous les ordres de Bosco Ntaganda. Les mai-Mai Simba et l'Armée de résistance du seigneur y sévissent déjà.

 

Une fois de plus les ingérences étrangères ne sont pas absentes de ce conflit, et le président rwandais Paul Kagame, allié des Etats-Unis est pointé du doigt.

 

Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé le 16 juin une enquête sur les soutiens extérieurs dont bénéficient les groupes armés dans l’est de la République démocratique du Congo. Il soupçonne le Rwanda, sans le citer nommément, d’être impliqué dans le soutien aux groupes armés qui déstabilise le pays dans la région du Kivu. Le défenseur des droits de l’homme congolais, Dimas Kitenge, estime sur RFI que le Conseil de sécurité doit condamner clairement le Rwanda : « A partir du moment où nous avons de plus en plus de preuves que les soldats rwandais sont là, il est très important que la communauté internationale puisse avoir un langage clair et ferme vis-à-vis de tous ces pays, y compris le Rwanda qui veut encore troubler la paix. »

 

Selon Salem-News le président rwandais Kagame utilise l'Ouganda comme base arrière pour exfiltrer les criminels de guerre M23 et les mettre à l'abri d'enquêtes de l'ONU. Paul Kagame ancien ami de George  Bush jouit de soutiens importants aux Etats-Unis, où il est souvent invité pour recevoir diverses récompenses, ce qui suscite parfois une mobilisation de ses opposants pour empêcher les remises de prix (voir ici). En 2009 dans une tribune publiée en janvier 2009  dans «The New York Times», reprise dans la rubrique «Kiosque» de «Jeune Afrique» n°2502-2503, l’ancien secrétaire d’Etat adjoint chargé des Affaires africaines de George W Bush, Herman Cohen estimait que le rétablissement de l’autorité de Kinshasa au Nord et Sud Kivu équivaudrait pour le régime rwandais à «renoncer» à des «ressources» qui représentent une bonne part de son «produit intérieur brut». Selon lui, il importait de prendre en compte la «dimension économique» du conflit. D’où l’idée d’«un projet de Marché commun» incluant six pays de la sous-région dite des Grands Lacs. A savoir : le Burundi, la RD Congo (l’Est), le Kenya, l’Ouganda, Rwanda et la Tanzanie. De même le président français Sarkozy avait fermé les yeux sur les ambitions du Rwanda sur le Kivu en lançant une politique de rapprochement avec Kigali.

 

La journaliste belge Colette Braeckman épingle aussi le rôle des ONG qui en demandant l'inculpation de Bosco Ntaganda rallié à Kabila ont aussi contribué à enflammer la situation au Kivu.

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 15:56

drapeau-vietnam.pngLe secrétaire d'Etat à la défense américain Leon Panetta a visité dimanche dernier la base militaire vietnamienne jadis utilisée par les soviétiques de la baie de Cam Ranh pour examiner avec ses partenaires locaux la possibilité d'utiliser davantage ce port pour le stationnement et la maintenance des navires de guerre américains, en application d'un accord de coopération militaire signé entre les deux pays l'an dernier. La veille devant des responsables militaires de 28 pays, le ministre américain avait annoncé la volonté de Washington de faire passer la répartition des forces navales US entre l'Atlantique et le Pacifique d'un rapport de 50/50 à un rapport de 40 % contre 60 % illustrant le basculement des priorités stratégiques pour le Pentagone.

 

La mise américaine sur le Vietnam pour contrer la présence de la Chine dans le Pacifique n'est pas exempte d'arrière-pensée. Fin mai un blog vietnamien Dan Lam Bao (les gens font les nouvelles), a publié ce qui est présenté comme un rapport des services secrets vietnamiens sur des propos tenus par l'adjointe au chef de mission diplomatique des Etats-Unis au Vietnam Claire Pierangelo selon lequel la diplomate dénonçait la corruption du régime d'Hanoï, se réjouissait du fait qu'il n'était plu lié à la "culture chinoise" et prédisait la fin du système communiste dans ce pays dans les vingt ans qui viennent du fait de l'évolution économique actuelle. L'authenticité de ce document est contestée, mais les propos relatés révèlent une opinion très répandue dans les milieux libéraux anglo-saxons.

 

Le Vietnam quant à lui a aussi laissé entrevoir la possibilité de remettre Cam Ranh à disposition des navires de guerre russes pour lutter contre les pirates du Pacifique et de l'Océan indien, parallèlement au renforcement des liens économiques avec Moscou (la Russie envisage notamment de construire une centrale nucléaire au Vietnam). Les Russes avaient dû fermer Cam Ranh en 2002 quand Hanoï avait décidé de demander à Moscou un loyer annuel de 200 millions de dollars pour l'utlisation de cette base.

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 09:58

syrie.jpgLes 25 et 26 mai derniers, le village syrien de Houla (centre du pays) a été la cible d'une attaque qui a fait plus de 100 morts, dont une moité d'enfants, attaque dans un premier temps imputée par l'opposition armée et par leurs soutiens inconditionnels dans le médias occidentaux par des "bombardements" perpétrés par l'armée syrienne. La plupart des victimes ont été abattues par des balles tirées à courte distance, les autres ayant péri sous des obus d'artillerie. Dans un premier temps (cf communiqué du 27 mai et non pas "sans désigner de coupables" comme le rapportent des sources pro-Assad) le Conseil de sécurité avait condamné les tirs d'artillerie et de chars de l'armée loyaliste, puis le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a mis en cause des "miliciens pro-régime". Le conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève le 1er juin a demandé à la commission d'enquête internationale, qui agit sous mandat du Conseil depuis août 2011, "de conduire une enquête spéciale exhaustive, indépendante et sans entrave en accord avec les standards internationaux sur les évènements de Houla" par 41 voix contre 3 (Chine, Russie et Cuba) et 2 abstentions (Ouganda, Equateur). La mission d'enquête gouvernementale syrienne mandatée par le gouvernement de Damas, sous la direction du général de brigade Qasseem Suleiman a rejeté la responsabilité des massacres sur une bande de 600 à 700 hommes armés qui auraient pris d'assaut simultanément cinq postes loyalistes (*). Des sources pro-Assad renvoient à une émission de la Chaîne Rossiya 24 que Global Research (dont les contributeurs sont loin d'avoir toujours été crédibles) aurait retranscrite en anglais sur le sujet. Mais il ne s'en trouve pas de trace ailleurs sur le Net. Cette émission reprend la version de la commission de Qasseem Suleiman en donnant des détails sur les 600 à 700 hommes responsables selon elle des meurtres de civils.

 

Le 7 juin Mazraat al Kabir un nouveau massacre d'ampleur comparable a été commis dénoncé par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et le Conseil national syrien (CNS basé à Istanbul) comme provoqué par les mêmes mêmes miliciens (alors pourtant que le village est principalement peuplé de minorités proches du régime et de sunnites loyalistes). Les présomptions de manipulation par l'OSDH et le CNS, directement reprises par les grands médies occidentaux, sont assez sérieuses sur les deux massacres.

 

L'opposition armée a annoncé son désengagement du plan Annan dès l'annonce du massacre d'Houla. Le plan Annan adopté le 4 mai dernier qui prônait l'arrêt des violences du côté des rebelles comme des forces gouvernementales (une symétrie entre les Occidentaux refusaient jusque là) et le retrait des armements lourds. Ce plan a régulièrement été torpillé depuis un mois tant par les forces gouvernementales que par les rebelles.

 

Selon le  New York Times, les Etats-Unis ont préparé un plan de sortie de crise, qui prévoirait le départ de Bachar el-Assad - plan calqué sur celui qui a mis fin en février 2012 à la présidence d’Ali Abdallah Saleh au Yémen (c'est-à-dire avec une impunité pour lui et ses proches), mais la Russie s'en tient au soutien au plan Annan qu'elle veut faire cautionner à une conférence internationale, et estime que le départ d'Assad ne peut que provenir d'une décision du peuple syrien sans ingérences étrangère. Mais les chances de succès de cette conférence, qui ne substituera pas en tout état de cause au Conseil de Sécurité de l'ONU, sont faibles, des controverses apparaissant déjà autour de la présence de l'Iran en son sein.

 

A défaut d'obtenir le feu vert de la Russie pour une intervention militaire à la libyenne en Syrie qui leur permettrait d'affaiblir l'axe chiite pro-iranien au Proche-Orient, les Occidentaux et les pétro-monarchies semblent résolus à jouer la carte de l'échec du plan Annan et du développement de la guerre civile ("conflit de basse intensité") dans ce pays, une guerre civile dont la population paie un prix très élevé. Par exemple, l'agence de presse du Vatican Agenzia Fides le 4 juin citait ce témoignage de Mgr Philippe Tournyol du Clos Archimandrite Grec-Catholique Melkite, ancien membre de la Fraternité Saint Pierre (traditionnaliste): "[A Homs] Le spectacle qui s’offre maintenant à nos yeux est celui de la plus absolue désolation : l’église de Mar Élian est à demi détruite et Notre-Dame de la Paix saccagée (près de laquelle on a trouvé plusieurs personnes égorgées) est encore occupée par les rebelles. Les maisons, très endommagées par les combats de rue sont entièrement vidées de leurs habitants qui ont fui sans rien emporter ; le quartier d’Hamidieh constitue encore aujourd’hui le refuge inexpugnable de bandes armées indépendantes les unes des autres, fournies en armes lourdes et en subsides par le Qatar et l’Arabie Saoudite. Tous les chrétiens (138’000) ont pris la fuite jusqu’à Damas ou au Liban ; ceux qui n’y avaient pas de parents se sont réfugiés dans les campagnes avoisinantes, chez des amis, dans des couvents, jusqu’au Krak des Chevaliers. Un prêtre y a été tué ; un autre, blessé de trois balles dans l’abdomen, y vit encore ainsi qu’un ou deux autres, mais ses cinq évêques se sont prudemment réfugiés à Damas ou au Liban"

 

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(*) Le rapport des autorités signale aussi que font partie des victimes l'épouse d'Abdulmuti Michib (deuxième secrétaire de l'assemblée nationale syrienne récemment élu) et ses enfants, son frère et sa famille entière, ainsi qu'un proche de cette épouse Mu'aweyah As-sayed, officier du centre de police du Houla ainsi que toute sa famille.

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 11:12

800px-LocationAfrica.pngLe 12 avril dernier, dans l'entre-deux tours des élections présidentielles, le président intérimaire de la Guinée-Bissau (voisine du Sénégal) Raimundo Pereira et le Premier ministre Carlos Gomes Junior (favori du  second tour) ont été arrêtés par un «commandement militaire» basé à l'état-major de l'armée, qui dénonçait la signature d'un accord secret avec l'Angola.Les militaires ont ensuite engagé des discussions avec d'ex-opposants pour former un gouvernement d'"union". Le  coup d'Etat a suscité des condamnations internationales unanimes y compris de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) qui a décidé d'envoyer une force de maintien de l'ordre dans ce pays.

 Le 7 mai lors de la réunion du conseil de sécurité des Naitons-Unis, le Rwandais Joseph Mutaboba, chef du Bureau intégré des Nations unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (Uniogbis) révélait dans un langage codé la lutte d'influence entre Angola et Nigéria qui se joue en Guinée-Bissau. « La communauté internationale se doit d'être unie dans son engagement. Il est essentiel que tous les partenaires internationaux se mettent d'accord sur une réponse commune », expliquait-il. De l'avis de nombreux analystes l'Angola s'emploie via la CPLP (la Communauté des pays de langue portugaise) à faire condamner les putschistes tandis que le Nigeria a convaincu la Cedeao  (et notamment les francophones - Sénégal et Burkina Faso) de leur être plus favorable.

 

L'Angola en 2011 a soutenu discrètement Laurent Gbagbo en Côte d'ivoire. Des accords commerciaux ont été signés avec la Guinée-Bisau, qui prévoyaient notamment qu'une société angolaise qui exploite un gisement de bauxite construise un port en eau profonde ainsi qu'une ligne de chemin de fer vers le Mali, risquant ainsi de concurrencer le port de Dakar.


Des soldats angolais (Missang) puis des armes lourdes (y compris de schars d'assaut) ont été acheminées dans ce pays sans que l'armée bissau-guinéenne n'en soit avertie. Voyant dès avant les élections présidentielles que cette présence inquiétait l'armée bissau-guinéenne coutumière des coups d'Etat Luanda avait annoncé un possible retrait.

 

Le 18 mai soit le jour même où un contingent de la Cedeao (plus de 600 hommes) débarquait en Guinée Bissau, l'Angola et le Portugal faisaient adopter à l'unanimité au Conseil de sécurité une résolution sanctionnant les auteurs du coup d'Etat bissau-guinéen (alors que jusqu'ici l'ONU avait pris l'habitude de laisser la Cedeao agir en première ligne pour ensuite s'aligner sur elle (sur l'affaire malienne). Boundi Ouoba du journal bukinabe Le Pays laisse entendre qu'il y a là une instrumentalisation dangereuse du Conseil de Sécurité de l'ONU par l'Angola.

 

L'épisode illustre la montée en puissance de l'Angola dans la région.

 

L'Angola défend une position ambiguë depuis quelques mois à l'égard des puissances occidentales. Hostile à la reconnaissance du Conseil national de Transition libyen en septembre 2011, il s'est abstenu sur la résolution qui condamne le régime syrien, comme sur celle qui prône une enquête au Sri Lanka, allant en cela moins loin que son allié traditionnel cubain par exemple. Il compte d'ailleur envoyer 3 000 hommes pour combattre les islamistes en Somalie aux côtés de l'Ethopie, alliée des USA. En novembre dernier, le président angolais avait annoncé son intention d'acheter des parts dans des grands groupes industriels portugais comme Energias de Portugal et REN (alors pourtant que deux tiers des Angolais vivent avec moins d'un dollar par jour ou que seuls 25 % des enfants sont scolarisés). La banque angolaise BIC a acheté le Banco Português de Negócios et une société de Luanda s'est procuré la principale fabriquant de meubles du Portugal (le Brésil aussi, premier employeur en Angola, investit massivement au Portugal). L'Angola est aujourd'hui une des économies les plus dynamiques du Golfe de Guinée avec le Nigéria et le Ghana.

 

Se dirige-t-on en Afrique de l'Ouest vers une opposition ponctuelle entre un bloc luso-brésilo-angolais d'une part et les anglophones et les francophones d'autre part ?

 

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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 15:31

L'émirat du Qatar, sous-traitant des opérations occidentales en Libye et en Syrie, fer de lance avec les pétromonarchies voisine de la répression du "printemps arabe" au Bahrein, qui ne cesse de racheter des actifs en Europe et de propager sa propagande via la chaîne Al-Jazeera, est aussi actif au Sahel.

 

oil_well.jpgSelon le journal malien l'Indépendant, le vendredi 6 avril dernier (le lendemain de l'enlèvement du consul d'Algérie par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest), un cargo qatariote a atterri à l’aéroport de Gao pour livrer des armes et des stupéfiants aux rebelles. Un comité d’accueil a été formé autour de l’appareil sous la conduite d’Iyad Ag Ghaly, leader touareg du mouvement islamiste salafiste Ansar Eddine qui contrôle Tombouctou et Kidal en coopération avec l'AQMI. Celui-ci, ancien consul du Mali à Djeddah (Arabie Saoudite), avait profité dans les années 2000 de son statut de diplomate pour nouer des relations avec des organisations islamiques de la région. Au point que l’Arabie Saoudite, son pays d’accréditation, l’avait menacé d’expulsion en 2010. Revenu au Mali il y a organisé le développement de l'islamisme. Selon d'autres sources maliennes, juste après la prise de Tessalit le 10 mars 2012 par les nationalistes touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), un avion cargo  du Qatar avait aussi atterri dans cette localité avant de déverser une importante quantité d’armes sophistiquées, des munitions et des 4×4 pour le compte des assaillant, probablement lorsque Ansar Eddine a évincé le MNLA de la région.

 

Depuis lors des islamistes affluent du Sud du Niger, du Tchad et du Nigeria (Boko Haram) dans le Nord du Mali, plaçant l'Algérie par principe non-interventionniste dans la position délicate d'accepter soit le développement de l'insurrection islamiste à sa frontière sud, soit une intervention militaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) très contrôlée par les Etats-Unis et la France. Le nouveau régime malien, issu d'un coup d'Etat récent mené par des mutins proches de Washington, lui, est déjà engagé dans les négociations avec la CEDEAO pour la restitution du pouvoir aux civils et le règlement de la crise du Nord.

 

Outre son engagement au Mali, le Qatar fait aussi pression sur la Mauritanie voisine. En janvier dernier il se brouillait avec l'homme fort de Mauritanie, le président Ould Abdel Aziz, en tentant de lui donner des leçons de droits de l'homme (ce qui n'est pourtant pas le fort de l'émir du Qatar). Le Figaro du 12 janvier dernier, plus précis relate même ainsi les faits : "L'émir a voulu donner certaines directives au président Abdel Aziz, usant d'un ton quasi comminatoire, et menaçant d'utiliser sa chaîne al-Jazeera pour faire éclater une révolution en Mauritanie, comme en Tunisie et en Egypte. Le chef de l'Etat mauritanien, un militaire, a alors explosé et a congédié l'émir"... Ce faisant Ould Abdel Aziz (dont le geste a été salué par des groupes non-gouvernementaux mauritaniens comme l'initiative nationale pour la sauvegarde de la constitution  de Salka Mint Sid'Ahmed) compromettait provisoirement le développement d'un projet de prospection pétrolière mené dans ce pays conjointement avec Total (la coopération Total-Qatar est ancienne et remonte à 1936...). Mais Total et le Qatar pourraient bien utiliser les pressions de la rue en Mauritanie pour imposer à nouveau leurs desiderata : hier des milliers de jeunes manifestaient à Nouakchott pour exiger le départ du président. Un de ses principaux organisateurs, le petit parti (5 députés sur 95) islamiste Tewassoul bizarrement qualifié de "modéré" par les agences occidentales, a appelé au "Djihad politique" le 21 avril.

 

L'odeur du pétrole pourrait bien motiver également l'action du Qatar au Mali, car le bassin pétrolier de Taoudéni dont les réserves ont été découvertes récemment couvre les deux pays ainsi que le Niger (1,5 million de kilomètres carrés)... Total et Sipex, filiale internationale de la Sonatrach, société nationale algérienne, ont signé en 2011 un accord visant à unir leurs forces pour obtenir des concessions dans ces pays du Sahel.

 

Ainsi le chaos sahélien ne serait pas une perte pour tout le monde...

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